Allier-Loire amont : un tiers des eaux en bon état

Depuis les sources de l’Allier, de la Loire et de l’Arroux jusqu’au Nivernais, le sous-bassin Allier-Loire amont couvre 32 628 km² et il compte 2 millions d’habitants. 28 % de ses cours d’eau et plans d’eau sont en bon ou très bon état et un tiers sont en état moyen, donc proches du bon état. Les priorités ? Restaurer le fonctionnement hydromorphologique et la continuité des cours d'eau.

28 % des eaux de surface en bon ou très bon état et 33 % en état moyen

C’est principalement la biologie qui déclasse les cours d’eau et particulièrement l’indice poissons, très lié au fonctionnement hydromorphologique et à la continuité des cours d’eau, et l’indice diatomées qui est davantage sensible à la présence de macropolluants.

Évaluation 2017 de l'état écologique des eaux de surface- Allier- Loire amont

Date carte : 14 août 2020 - Période de données : 2015 à 2017 - © Agence de l'eau Loire-Bretagne

L'état physico-chimique s'améliore plus vite que la biologie

Malgré le renforcement des actions de restauration des milieux aquatiques, les paramètres physico-chimiques tendent à s’améliorer davantage que les indicateurs de l’état biologique.

Lorsqu’on analyse la situation de paramètres particuliers, on peut constater des évolutions. Ainsi on observe l’effet de la réduction des rejets domestiques et industriels grâce aux stations d'épuration. Des pollutions par les matières organiques et oxydables qui prédominaient dans les années 70-80 ont très fortement régressé. Il en va de même de la présence du phosphore grâce aux stations d’épuration et à l’interdiction des phosphates dans les lessives.

Corollaire de la réduction des teneurs en phosphore dans les eaux, on constate aussi une réduction de l’eutrophisation des rivières.

État des cours d'eau Allier - Loire amont

Diagramme en bâtons présentant l'état (mauvais, médiocre, moyen, bon et très bon) des cours d'eau du sous bassin Allier - Loire amont pour la qualité biologique et la qualité physicochimique.
Agrandir l'image

août 2020

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

L'état 2017 des cours d'eau du sous-bassin Allier - Loire amont est présenté sous forme d'un diagramme en bâtons avec en abscisse les éléments de qualité biologiques et les éléments de qualité physico-chimiques, et en ordonnées le nombre d'éléments de 0 à plus de 300. L'état des cours d'eau est représenté par des couleurs différentes selon que cet état est :  mauvais - médocre - moyen - bon - très bon,.

Pour la qualité biologique des cours d'eau : 319 éléments de qualité dont 3 très bon, 58 bon, 112 moyen, 100 médiocre, 46 mauvais.

Pour la qualité physico-chimiques : 321 éléments dont 23 très bon, 160 bon, 95 moyen, 28 médiocre , 15 mauvais

 

86 % des eaux souterraines en bon état

 Celles qui restent à améliorer sont :

  • les alluvions Allier-Loire amont du fait des nitrates
  • Les calcaires et marnes du Lias du Berry libres et les alluvions de l’Allier aval pour les nitrates et les pesticides
  • les formations tertiaires du Bourbonnais et de la Limagne pour les pesticides

Évaluation 2017 de l'état chimique des eaux souterraines - Allier Loire amont

Date carte : 14 août 2020 - Période de données : 2012 à 2017 - © Agence de l'eau Loire-Bretagne

Des actions qui portent leurs fruits !

Une nette amélioration sur le Couzon

Sur le Couzon (Puy-de-Dôme) en aval du plan d’eau d’Aubusson sur le bassin de la Dore, l’état du cours d’eau était dégradé en raison de températures trop élevées et de cloisonnement dû à plusieurs obstacles à l’écoulement. 

Évolution de la température de l'eau en juillet et août en aval d'Aubusson

Évolution de la température de l'eau en juillet et août en aval d'Aubusson. La courbe des températures relevées entre le 3 juillet le 29 août en 2008-2009 est nettement supérieure à celle relevée en 2015-2016.  Les maximum et minimum relevés sont respectivement de 25,8 19,2 en 2008-200. Ils sont de 21, 4 et de 17,6 en 2015-2016
Agrandir l'image Évolution de la température de l'eau en juillet et août en aval d'Aubusson dans une nouvelle fenêtre

juin 2020

© Agence de l'eau Loire-Bretagne - Source : Fédération de pêche et de protection du milieu aquatique 63

Entre 2008 et 2018, la restauration de la continuité écologique sur neuf barrages et l’aménagement d’une vanne de demi-fond en sortie du plan d’eau en 2014 ont contribué à une nette amélioration.

De plus, entre les périodes 2008-2012 et 2015-2016, la moyenne des températures de l’eau en période estivale a baissé de plus de 3°C. L’état physico-chimique et biologique du cours d’eau est ainsi passé d’un état moyen à bon entre 2013 et 2017.

Le retour d'espèces emblématiques

Sur de nombreux cours d’eau, la restauration de la continuité écologique a favorisé le retour d’espèces emblématiques en amont des cours d’eau. Sur le Méchet (Saône-et-Loire), la lote qui n’était plus observée depuis les années 70 a recolonisé une partie du cours d’eau suite à l’arasement du seuil de l’étang de Bouton.

Une Lote trouvée lors d'un échantillonnage sur Le Méchet en 2019

Photo d'illustration
Agrandir l'image Une Lote trouvée lors d'un échantillonnage sur Le Méchet en 2019 dans une nouvelle fenêtre

Après arasement du barage d'alimentation de l'étang du Bouton, là où elle avait disparue depuis les années 70

© I. SICARD / FDPPMA 71

Évolution, de 2013 à 2016, de l'indice Poisson rivière sur Le Frédet à Saint-Nectaire

Évolution de l'indice Poisson rivière (IPR) sur la rivière Le Frédet à Sant-Nectaire de 2013 à 2016. Indice de 28 en 2013 et de 13,8 en 2016. Plus la valeur de l'indice est élevée plus la rivière est dégradée/
Agrandir l'image Évolution, de 2013 à 2016, de l'indice Poisson rivière sur Le Frédet à Saint-Nectaire dans une nouvelle fenêtre

juin 2020

© Agence de l'eau Loire-Bretagne - Source : Fédération de pêche et de protection du milieu aquatique 63

Sur la Couze Chambon (Puy-de-Dôme), c’est le retour du Chabot suite à l’arasement de deux seuils en 2014  qui contribue à redonner une bonne qualité piscicole au cours d’eau du Frédet, suite à la diversification des habitats et à l’évolution vers une granulométrie du substrat plus grossière.

Sur le Lignon du Forez (Loire), c’est l’ombre commun qui voit son aire de répartition progresser vers l’amont suite à des aménagements d’ouvrages.

Sur la petite Queune, une dégradation est effacée

Sur la petite Queune, affluent de la Queune (Allier), avant 2015, en aval de Noyant, la qualité de l’eau était nettement dégradée par les matières azotées et phosphorées. En 2016, suite à la réhabilitation de la station de traitement des eaux usées de Noyant, aucune dégradation apparente entre l’amont et l’aval n’est plus visible.

Sur la Dore, moins de perturbation hormonale

Suivi de l'activité androgénique moyenne sur la Dore à Vertolaye

Activité androgénique (AR) moyenne sur la Dore à Vertolaye de 2011 à 2017.
Agrandir l'image

juin 2020

© Agence de l'eau Loire-Bretagne - Source : Sanofi

Un diagramme en bâtons montre l'activité androgénique (AR) moyenne sur la Dore à Vertolaye de 2011 à 2017. En ordonnées, la concentration exprimée en µg eqR188 1/L sur une échelle de 0 à 6. En abcisses les années de 2011à 2017.

L'activité androgénique est de 3 µg eqR188 1/L en 2011 -  5 µg eqR188 1/L en 2012 -  4,1 µg eqR188 1/L en 2013 -  0,35 µg eqR188 1/L en 2014 - 0,3 µg eqR188 1/L en 2015 - 0,375 µg eqR188 1/L en 2016  - 0,1125 µg eqR188 1/L en 2017.

Sur la Dore, à Vertolaye (Puy-de-Dôme), suite à des constats de perturbation hormonale sur le goujon en 2008, un traitement quaternaire au charbon actif en poudre a été installé par un industriel en 2014 pour traiter ses rejets finaux.

En  2018 et 2019, les suivis montrent une quasi disparition des détections de perturbation hormonale mesurée en particulier par l’activité androgénique (AR), et une nette amélioration de la qualité des rejets (DCO, azote, matières en suspension).

Et demain, où intervenir en priorité ?

La moitié des cours d’eau d’Allier-Loire amont sont déclassés d’abord du fait de leur fonctionnement hydro-morphologique. Il faut donc poursuivre les démarches coordonnées de territoire et mettre en œuvre des programmes ambitieux de restauration des milieux aquatiques et des cours d’eau. Ces actions sont les plus susceptibles de faire évoluer favorablement les indicateurs biologiques.

Ainsi l’état des lieux 2019 met en avant les risques de non atteinte du bon état liés aux pressions morphologiques et hydrologiques pour près de 50% des masses d’eau. Deux préoccupations croissantes concernent l’hydrologie en lien avec les sécheresses à répétition et une certaine intensification des pratiques agricoles sur les têtes de bassin versant. Les projets de territoire visant la réduction des prélèvements et la gestion équilibrée de la ressource en eau devront se développer, tout comme ceux visant la mise en place de pratiques et systèmes agricoles vertueux durables et la préservation ou la restauration des zones humides.

Enfin il est important de suivre les évolutions à l’échelle des travaux réalisés pour montrer les progrès et soutenir l’implication des acteurs. C’est la démarche d’évaluation recommandée dans le cadre des contrats territoriaux.

Partager cette page sur :