Retour sur la réunion littoral des animateurs Sage

Cette année, une trentaine de participants ont répondu présent sur le territoire du Sage Elorn, à Logonna-Daoulas (29), le 24 octobre dernier. Les participants ont pu découvrir les enjeux de la rade de Brest depuis la mer. Un bilan positif et apprécié de tous !
L’agence de l’eau Loire-Bretagne est concernée par une grande façade littorale. Ce territoire atypique nécessite la mise en œuvre d’une politique spécifique. C’est pourquoi l’agence de l’eau réunit les animateurs de Sage concernés par une façade littorale. Cette année, cette rencontre s’est déroulée sur le territoire du Sage Elorn, à Logonna-Daoulas. La matinée était consacrée aux échanges, l’après-midi à une visite terrain qui met en exergue les enjeux du Sage.
Les échanges
Indicateurs du tableau de bord du Sdage Loire-Bretagne : zoom sur la politique territoriale
Introduction par Philippe Fera, agence de l’eau :
Le Sdage Loire-Bretagne 2016-2021 dispose d’un tableau de bord pour suivre les effets des préconisations du Sdage et vérifier si les objectifs définis sont atteints. L’arrêté du 17 mars 2006, modifié par l’arrêté du 20 janvier 2016, définit le contenu du tableau de bord. Il comporte notamment deux types d’indicateurs. Les premiers sont définis au niveau national et sont communs à tous les bassins. Les deuxièmes sont spécifiques à chaque bassin. Certains indicateurs constituent des mises à jour, par rapport au dernier tableau de bord, d’autres sont de nouveaux indicateurs.
Parmi les indicateurs du tableau de bord du Sdage, 4 indicateurs concernent le littoral :
- 2 indicateurs sont nationaux : évaluation de l’état des eaux conchylicoles et des eaux de baignade,
- 2 indicateurs sont spécifiques à Loire-Bretagne : quantité d’ulves ramassées par an sur les plages de Bretagne, et nombre de ports labellisés et de schémas de dragage.
Le territoire littoral Loire-Bretagne est spécifique et entraîne la mise en place d’une politique littorale à part entière. C’est pourquoi, en complément des indicateurs du tableau de bord du Sdage, la cellule littorale a souhaité développer des indicateurs complémentaires. L’objectif des échanges : présenter ces indicateurs complémentaires et la méthodologie de travail proposée.
Les échanges sur les indicateurs complémentaires
Sur les sites de baignade, la réalisation de profils de baignade est obligatoire, ainsi que leur mise à jour (directive cadre stratégie pour le milieu marin article 6 et annexe 3). Le suivi de ces mises à jour peut être intéressant à mettre en place. Philippe Masquelier, animateur du Sage Elorn, précise qu’en règle générale, sur les sites de baignade, il n’y a pas de suivi préventif. Le Sage Elorn a mis en place un suivi préventif. Une année, il est arrivé que sur 6 fermetures, 2 seulement l’ont été, suite à un contrôle de l’agence régionale de santé (ARS).
Philippe Masquelier, soulève la question des blooms de phytoplanctons toxiques. Ils peuvent être observés très tard en saison et parfois toute l’année, malgré la baisse des apports en sels nutritifs. Une étude de l’Ifremer démontre que malgré la baisse des apports en nutriments et phosphore, on observe des blooms en baie de Vilaine. La Rade de Brest est évaluée en bon état, malgré les fermetures dues à la présence de l'algue Alexandrium. Philippe Fera précise que l’indicateur relatif au pourcentage de toxiques est en cours d'élaboration. L’importance de la question du stock dans les sédiments est également évoquée.
Sur les données, il est souhaité :
- de s'accorder sur les points de suivis,
- de bien bancariser les données dans les bases concernées : Hydro, OSUR…,
- de pouvoir accéder aux données de l’état des lieux, les CLE ne disposant pas de tous les éléments,
- de mettre en cohérence les indicateurs Sage et Sdage, et veiller à pouvoir décliner l’indicateur Sdage à l’échelle du Sage.
Dans un premier temps, l’agence de l'eau enverra une proposition d’indicateurs pour une première base d’échanges.
Retour d’expériences sur l’application de la disposition 10D-1 du Sdage
Introduction par Pierre Prod’homme, agence de l’eau, et Philippe Masquelier, animateur du Sage Elorn
La disposition 10D-1 du Sdage Loire-Bretagne énonce que "les Sage ayant une façade littorale où sont situées des zones de production conchylicole ou de pêche à pied professionnelle, poursuivent si nécessaire l’identification et la hiérarchisation des sources de pollution microbiologique présentes sur le bassin versant ". Une méthodologie a été développée afin d’identifier et de hiérarchiser ces sources de pollution. L’objectif des échanges : présenter cette méthodologie, et apporter un témoignage.
Les échanges sur la méthodologie et témoignage
Philippe Masquelier fait part de son expérience de l’utilisation de marqueurs bactériens sur les estuaires de l’Elorn et de la rivière de Daoulas - projet "Marquopoleau" - pour identifier de façon qualitative et non quantitative l’origine des pollutions bactériennes. Cela a permis d’identifier une pollution de certaines plages par les oiseaux de mer. Sur la fiabilité, il s’interroge sur la sous-représentation des origines porcines.
Concernant la modélisation des pollutions liées à l’assainissement, le coût financier, les moyens humains nécessaires, la pérennité et la plus-value de la modélisation sont discutés. Philippe Fera précise que le modèle permet de dégrossir le problème avec des hypothèses sur les transferts.
Philippe Masquelier apporte un éclairage à partir de la pratique sur le territoire du Sage Elorn :
- la modélisation n’est mise en place que si elle est intégrée à un programme de recherche,
- un bureau d’études maintient l’outil et le syndicat passe des commandes,
- pour des rejets de stations d’épuration ou de gros déversoirs, en mer ou en estuaire, avec un impact sur la conchyliculture : cela permet d’estimer jusqu’où le rejet a un impact et d’anticiper les fermetures de baignades.
Romain Suaudeau cite le cas de deux gros rejets de la Ville de Quimperlé pour laquelle une modélisation est lancée, pour fixer les normes sanitaires.
La prise en compte des rejets souterrains d’ANC pose également question, avec le risque d’assainissement non conforme mais néanmoins impactant. Suivre la qualité des sources pourrait être une piste.
Articulation entre la directive cadre stratégie pour le milieu marin et la directive cadre eau
Introduction par François Victor, Dirm :
Le bassin Loire-Bretagne détient une grande superficie littorale. Il est notamment concerné par 3 sous-régions marines : Manche mer du Nord, Mers celtiques et Golfe de Gascogne.
La directive cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM) se décline en plan d’action pour le milieu marin (PAMM). C'est la stratégie pour l'atteinte du bon état écologique des eaux marines. Le PAMM est l’équivalent du Sdage pour la directive cadre eau (DCE). Le programme de mesures du PAMM est l'outil opérationnel du PAMM pour atteindre les objectifs environnementaux. Il renvoie aux politiques publiques existantes et à des mesures nouvelles complémentaires.
L’objectif des échanges : présenter les interactions entre le PAMM et les Sage littoraux.
Les échanges sur les interactions entre le plan d'action pour le milieu marin et les sage littoraux
Les échanges se sont déroulés autour d’une vision globale de la problématique du carénage et du mouillage des bateaux, qui font l’objet de deux mesures nouvelles du PAMM.
Sur l’efficacité des aires de carénage : Quel dimensionnement ? Quel entretien ?
Beaucoup de Sage ont mis des interdictions de carénage sauvage. Mais l’équipement en aire de carénage est actuellement insuffisant. Le Sage Elorn a prescrit l’interdiction, s’il existe une solution. François Victor précise que le programme de mesures du PAMM est progressif. Avant d’interdire, il faut pouvoir proposer des alternatives. La mesure de carénage, financée en grande partie par l’agence de l’eau, consiste à proposer des améliorations techniques et de gestion. La question du regroupement des mouillages est également importante. Beaucoup de bateaux sortent très peu en mer. La création de ports à sec permettrait de résoudre le nombre de place dans les ports et de réduire les besoins de carénage pour préserver les fonds marins.
Mais la question recouvre également des aspects sociologiques et culturels. Un changement des pratiques des plaisanciers est nécessaire. Parfois les résistances sont fortes. François Victor conclut : il faut commencer par poser les bases et offrir des alternatives.
La question recouvre également des aspects politiques : gestion des AOT, coûts des ports à sec induisant des choix. Plus largement, François Victor rappelle que c’est une question de projet de territoire. Quel avenir veut-on pour la conchyliculture ? Pour la pêche ? Pour l’agriculture littorale ? L’élaboration du document stratégique de façade oblige à avoir une réflexion. Au premier semestre 2018, il y aura une consultation sur les nouveaux objectifs stratégiques PAMM, fusionnés dans le document stratégique de façade. C’est aussi une question économique et sociale (croissance, décroissance, stabilité). Par exemple, l’aquaculture n’arrive pas à être développée, malgré des objectifs, à cause de conflits d’usages. A chaque fois qu’une activité est autorisée légalement, elle ne peut se développer, faute d’acceptation. Cela remet en cause notre fonctionnement.
Visite de terrain
Présentation du territoire du Sage Elorn par Philippe Masquelier, animateur du Sage
D’une superficie de 726 km², le territoire du Sage Elorn se situe sur la pointe finistérienne, qui englobe ainsi les communautés de communes de Brest métropole, Pays de Landerneau-Daoulas et Pays de Landivisiau. Mis en œuvre depuis juin 2010, les principaux enjeux de ce territoire sont :
- la qualité des eaux et la satisfaction des usages qui en sont tributaires,
- la préservation des milieux naturels : zones humides, bocages, milieux aquatiques, biodiversité estuarienne et marine de la rade,
- la gestion quantitative.
La visite sur site
Sortie en mer depuis le centre nautique de Moulin Mer jusqu'au large de l’île du Bindy, dans le méandre de Térennez sur la rivière Aulne, avant de revenir au centre nautique. Cette visite a fait découvrir les bassins versants depuis la mer (zones urbanisées, activité agricole…) et a permis d’illustrer les points suivants :
- l’évolution morphologique de la côte, avec la formation de sillons,
- l’activité économique en rade de Brest : production de coquilles Saint-Jacques, de moules…,
- activité militaire et suivis radiologiques,
- les espèces invasives : Daurades, crépidule.