Plus d'infos sur le suivi de l’état des eaux
La qualité de l’eau sur un territoire est un véritable patrimoine qu’il faut entretenir et améliorer, car une eau de bonne qualité et en bon état rend des services inestimables. Son suivi est indispensable pour bien choisir les actions à conduire et remédier aux dégradations qui ont été identifiées
Mesurer pour connaître et orienter l’action
Le suivi de la qualité permet de constater les variations naturelles annuelles, qui sont en lien avec les saisons, et les variations naturelles interannuelles car chaque année est différente d’une autre, en matière de température ou de précipitations par exemple. Connaître ces variations dans la durée est indispensable pour faire la différence entre celles liées à un comportement courant de la masse d’eau depuis plusieurs années, quel que soit le climat ou l’hydrologie, et celles qui sont liés à l’activité humaine.
Identifier la « pression » des activités humaines
Pression : une activité humaine qui peut avoir une incidence sur les milieux aquatiques. Il peut s'agir de rejets, de prélèvements d'eau, d'artificialisation des milieux aquatiques, de capture de pêche…
Le suivi de la qualité de l’eau permet de détecter l’effet des activités humaines et leur incidence, en précisant son intensité et son étendue. La pression peut être ponctuelle, telle une station d’épuration ou une industrie rejetant dans un cours d’eau, ou diffuse quand des pesticides ou des engrais s’échappent de tout un territoire agricole et se retrouvent dans les nappes phréatiques ou les cours d’eau.
Savoir quand cela s’améliore
C’est la première raison d’être d’un suivi : détecter puis quantifier les changements de qualité des eaux qui révèlent une amélioration à la suite de la mise en œuvre des travaux inscrits dans le programme de mesures. Suivre dans la durée est essentiel pour constater que les améliorations ne sont pas éphémères. Pour constater que l’amélioration est définitivement acquise, la vigilance s’impose pendant plusieurs années.
Détecter les changements à long terme
C’est l’observation régulière sur une décennie ou plus qui permet de détecter et d’analyser certains changements. Le suivi permet de détecter ce qui relève d’un comportement naturel du milieu ou de l’emprise grandissante d’une activité humaine, dont l’effet s’accroît dans le temps. Ce fut le cas pour les prélèvements dans les nappes de Beauce ou du Cénomanien, aujourd’hui en amélioration. C’est la situation pour les pollutions par les phosphates ou les nitrates ou par les rejets de certaines activités industrielles
Mieux connaître le territoire avec l'expertise des acteurs locaux
Le suivi des paramètres année après année s’appuie sur la connaissance du territoire et l’expertise des acteurs locaux. Chaque année les données sont analysées et discutées avec eux pour intégrer les conditions particulières de l’année : pluviométrie, périodes de sécheresse, de basses eaux ou de hautes eaux inhabituelles, travaux en rivière le cas échéant, évènements particuliers pour la faune ou la flore...
La connaissance locale des eaux repose sur les partenaires de l’agence : départements, services de l’État ou de l’office français de la biodiversité, fédérations de pêche, structures qui portent des Sage ou des contrats territoriaux.
Tous ces acteurs capitalisent eux aussi la connaissance qui leur est utile pour agir. Certains publient des chroniques des bilans de qualité annuelle qu’ils font sur leur territoire de compétence, à l’échelle d’un département, d’un syndicat, d’un bassin versant ou d’un Sage.
Identifier les freins et l’origine de la dégradation constatée
Les indicateurs suivis informent de l’existence d’un ou plusieurs types de pressions s'exerçant sur le milieu local et sur son bassin versant d'alimentation. Aujourd’hui la relation entre un indicateur et une pression n’est pas univoque : lorsque des polluants sont retrouvés à l’occasion d’une analyse, qu’il s’agisse de nutriments comme l’azote ou le phosphore, de pesticides ou d’autres micropolluants, il faut conduire une expertise complémentaire pour détecter s’ils proviennent d’une pollution ponctuellement identifiable ou plutôt d’une pollution plus diffuse mettant en jeu un plus grand nombre d’utilisateurs du territoire. Lorsque le résultat pour les diatomées ou les poissons n’est pas bon, il faut pouvoir cibler, avec les partenaires locaux et leur connaissance de l’état de dégradation du territoire, la ou les pressions à l’origine de cette mauvaise qualité.
Les rendez-vous annuels que l’agence de l’eau organise avec les acteurs locaux pour valider les données sont ainsi une occasion d'identifier et de caractériser les freins ou les pressions expliquant des atteintes au bon état.
Connaître l’état des lieux avant d’intervenir
Les porteurs d’un Sage ou d’un contrat territorial doivent acquérir et exploiter des données sur la qualité des eaux et des milieux au moment où ils élaborent le diagnostic des freins à lever sur leur territoire. Ils rassemblent et analysent alors toutes les données de qualité des eaux qui ont déjà été acquises et bancarisées par l’agence de l’eau dans la base de données Naïades ainsi que celles acquises plus localement par d’autres partenaires.
Cet état initial fonde aussi le suivi particulier de l’évolution des pressions et de l’amélioration de la qualité des eaux qu’ils devront mettre en place pour évaluer leur action. C’est ce qui explique l’existence de suivis locaux plus fins et plus précis portés par des maîtres d’ouvrage qui veulent identifier au mieux les freins au bon état.
Détecter et caractériser les progrès
Une fois des actions engagées, le suivi mis en œuvre localement permet de vérifier les progrès accomplis. Les maîtres d’ouvrage des actions subventionnées par l’agence de l’eau Loire-Bretagne doivent suivre la qualité des eaux pour mettre en évidence les améliorations obtenues.
Plus de 200 porteurs de contrats territoriaux signés avec l’agence de l’eau ont pris l’engagement de vérifier, selon des protocoles standardisés, l’impact sur la qualité des eaux des travaux réalisés dans les contrats. Utilisées et valorisées localement, ces données financées par des fonds publics doivent être mises à disposition du public et des autres acteurs du territoire.
L’agence met à disposition des maîtres d’ouvrage des procédures type pour conduire un état de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques avant de conduire des travaux puis après les travaux. Ce suivi demande un investissement en temps et en moyens (au moins un ou deux ans avant travaux et plusieurs années après travaux). Il convient de le conduire à plusieurs échelles, depuis le site de travaux jusqu’à éventuellement la masse d’eau tout entière, pour cerner l’aire d’influence des travaux et constater les évolutions consécutives aux interventions.
Par exemple, le suivi du paramètre nitrates, sur la période 2000 à 2017, donne une image des secteurs du bassin sur lesquels les actions entreprises commencent à donner des résultats et ceux sur lesquels la situation se détériore. La carte ci- après est extraite de l’état des lieux du bassin Loire-Bretagne 2019 (p.130).
Évolution, de 2000 à 2017, de la concentration de nitrates sur les bassins versants des masses d'eau
Date carte : 22 juin 2018 - Période de données : 2000-2017 - © Agence de l'eau Loire-Bretagne
Du bassin au territoire, savoir où intervenir en priorité, orienter puis évaluer l'action
La surveillance de la qualité des eaux, conjuguée avec la caractérisation des pressions, a permis d’identifier les masses d’eau sur lesquelles il est prioritaire d’intervenir. Une fois le programme de mesures arrêté, un dialogue entre acteurs du territoire et services de l’État, au sein de la mission interservices pour l’eau et la nature (MISEN), permet de sélectionner les actions à mettre en œuvre sur les trois prochaines années. Ces actions constituent un programme d’actions opérationnel territorialisé (PAOT).