Sobriété hydrique : un levier clé pour l’industrie de demain

Face au changement climatique et à la raréfaction de la ressource, les industriels sont appelés à repenser leurs modes de production pour réduire leur consommation d’eau. Sobriété, recyclage, innovation : tour d’horizon des leviers pour alléger la pression sur les milieux aquatiques.

L’eau est une ressource précieuse, essentielle au bon fonctionnement de nombreuses activités industrielles. Mais dans un contexte de tensions croissantes sur la ressource – accentuées par les effets du changement climatique – limiter les prélèvements devient une priorité. Pour les industriels, cela signifie repenser leurs procédés de fabrication afin de les rendre plus économes en eau.

Le Plan Eau, présenté par le gouvernement en 2023, fixe une trajectoire ambitieuse : réduire de 10 % les prélèvements d’eau à horizon 2030, tous secteurs confondus, avec une attention particulière portée aux usages industriels.

Des économies d’eau au cœur des stratégies industrielles

Aujourd’hui, de nombreuses entreprises intègrent la question de la sobriété dans leurs démarches environnementales. Cette dynamique repose sur plusieurs axes :

  • Optimiser les process existants, en réduisant les pertes ou en remplaçant certaines étapes gourmandes en eau,
  • Investir dans des technologies plus performantes, notamment en matière de refroidissement ou de lavage,
  • sensibiliser les décideurs et les salariés au changement de pratiques.

Cette approche présente un double bénéfice : environnemental – avec moins de pression sur les nappes et les cours d’eau – et économique, en réduisant les coûts liés à l’achat, au traitement et à la gestion des eaux.

Pour étendre la démarche de sobriété d'autres actions sont possibles : 

  • Recycler les eaux usées industrielles, après traitement, pour des usages internes comme le nettoyage ou le refroidissement,
  • Substituer l’eau potable par des eaux de moindre qualité (eaux pluviales, eaux industrielles traitées) lorsque cela est possible.

Réduire les prélèvements à la source : un impératif collectif

Avec son 12e programme d’interventions 2025-2030, l’agence de l’eau Loire-Bretagne accompagne les acteurs industriels dans cette transition vers une meilleure sobriété des usages. Moins de prélèvements, c’est plus de résilience pour les milieux aquatiques, mais aussi pour les activités économiques elles-mêmes, qui sont souvent vulnérables aux restrictions en période de sécheresse.

L’exemple inspirant du site de fabrication des produits végétaux de l’entreprise Olga

Entretien avec Jean-Charles Gallée, responsable technique du Groupe Olga

photo portrait de JC GALLEE

© Olga

Pouvez-vous nous présenter rapidement le site de Châteaubourg de l'entreprise Olga ?

Jean-Charles Gallée : Olga est une entreprise familiale et indépendante, fondée en Bretagne il y a plus de 70 ans. À Châteaubourg, notre site est dédié à la fabrication de produits végétaux à base de soja pour nos marques Sojasun, Sojade et Soon. On y retrouve plusieurs activités : l’extraction de la base soja, la fabrication de produits ultra-frais, le conditionnement UHT et en gourdes via notre atelier Nutrisun.

Quelles actions avez-vous mises en œuvre pour réduire votre consommation d’eau ?

installation du procédé d'osmose inverse

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

Depuis plusieurs années, nous agissons selon la logique des 3R : réduire, réemployer, recycler. Grâce à la mise en place de nombreux compteurs à télérelève, nous avons pu mieux piloter notre consommation. L’installation la plus marquante reste celle d’un système d’osmose inverse, qui nous permet de purifier l’eau issue du process de transformation du soja et de la réutiliser dans nos équipements (chaudières, tours de refroidissement…). Ce procédé nous a permis, avec d’autres actions complémentaires comme l’installation de tours adiabatiques, de réduire notre consommation d’eau de 22 % entre 2020 et 2024, soit 86 000 m³ économisés.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le fonctionnement de ce système ?

L’osmose inverse permet de filtrer l’eau à un niveau extrêmement fin – au dixième de nanomètre – pour en extraire une eau quasi pure. Cette technologie complexe, développée spécialement pour notre site, a représenté un investissement de plus de 2 millions d’euros. Elle limite aussi les rejets polluants dans notre station d’épuration. Quant aux tours adiabatiques, elles n’utilisent de l’eau que lorsque la température est élevée, contrairement aux anciens systèmes en circuit ouvert.

Quels sont les freins que vous avez rencontrés ?

Le principal frein a été d’ordre économique. Ce type de projet implique des investissements lourds et des durées d’amortissement longues. Sur le plan technique, certaines difficultés sont liées à la sensibilité des membranes d’osmose inverse au colmatage. Mais le soutien de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne a été déterminant pour mener à bien ces projets.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous lançons cette année une étude sur l’optimisation des phases de nettoyage (NEP) pour mieux ajuster les volumes d’eau utilisés. À plus long terme, nous explorons les possibilités de recyclage des eaux usées traitées, notamment dans le cadre du décret REUSE. Nous intégrons également désormais des critères d’économie d’eau dans tous nos investissements.

Regard de l’agence de l’eau avec Jean-Pierre Rouault, chargé d’instruction spécialisé Industrie

photo portrait de Jean-Pierre Rouault, délégation Armorique à l'agence de l'eau Loire-Bretagne

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

« Le site de fabrication des produits végétaux Sojasun de l'entreprise Olga est un bel exemple d’engagement en faveur de la sobriété hydrique. Grâce à la logique des 3R – réduire, réemployer, recycler – et à des technologies performantes comme  l’osmose inverse, la consommation d’eau potable a diminué de 22 % sur le site. Olga a aussi travaillé sur la qualité des rejets, en améliorant les performances de sa station d’épuration et en préservant le cours d’eau de Brunelière en tirant une canalisation de rejet à la Vilaine. D’autres projets sont en cours, notamment sur le site de la Rivière. C’est une entreprise à l’écoute, proactive et engagée, avec une direction mobilisée sur les enjeux environnementaux. »

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