Agir pour la protection des captages

Sur le bassin Loire Bretagne, un nombre croissant de territoires font face à des tensions de production et de distribution d’eau potable. Dans un contexte de dérèglement climatique entrainant une augmentation des besoins et diminution de la ressource disponible en été, des mesures de restrictions sont prises face aux épisodes de sécheresses. Ces tensions sont d’autant plus prégnantes que les producteurs d’eau potable font face à une dégradation de la qualité de l’eau.

L’agence de l'eau Loire-Bretagne place la préservation des captages en objectif majeur de son 12e programme d’intervention face à la menace croissante de fermeture des captages. L’objectif est aussi de répondre à un enjeu de santé publique, de sécurisation d’une alimentation en eau potable de qualité et en quantité suffisante.

Elle s'aligne ainsi pleinement avec les récentes annonces du ministère de la Transition écologique. La ministre Agnès Pannier-Runacher a mis en avant la protection des captages comme un des chantiers prioritaires pour 2025 dans le cadre du Plan eau, mettant en lumière l'urgence de prendre des mesures concrètes pour préserver cette ressource vitale.

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© Agence de l'eau Loire-Bretagne

L’agence de l’eau se fixe 3 objectifs majeurs

  • Reconquérir la qualité des eaux des captages prioritaires : en agissant avec les acteurs du territoire pour réduire les pollutions
  • Améliorer l’efficacité des ouvrages de production et de distribution d’eau potable : en modernisant les infrastructures, pour réduire notamment les pertes d’eau dans les réseaux.
  • Sécuriser la distribution de l’eau potable : en mettant en œuvre des plans de gestion pour assurer un approvisionnement fiable en eau.

Des captages menacés par les pollutions : un danger pour l'approvisionnement en eau

Le 12e programme d’intervention privilégie une approche préventive en soutenant des actions ciblées et adaptées sur les territoires pour réduire les pollutions. L'objectif est de protéger les aires d’alimentation des captages prioritaires.

La qualité de l'eau prélevée sur les captages est de plus en plus dégradée. Ces pollutions, principalement d'origine agricole (nitrates, pesticides) mais aussi industrielle et domestique, compromettent la qualité de l'eau et rendent certains captages non conformes aux normes sanitaires. Sans mesures de protection adéquates, ces captages risquent soit de devoir fermer, soit de se dégrader. La dégradation peut, à un certain point, nécessiter des investissements croissants dans des traitements de l'eau coûteux, et la recherche de nouvelles sources d'approvisionnement par le biais de nouveaux forages ou d'infrastructures d'interconnexion. Dans les zones rurales à faible densité de population, ces investissements peuvent être difficilement supportables pour les collectivités.

Les actions et solutions soutenues par le 12e programme d’intervention

Afin de maximiser l’efficacité des actions, l’agence de l’eau établit avec la personne publique responsable de la production d'eau (PRPDE) un accord de territoire portant un programme d'actions adapté aux problématiques du territoire du captage. Ce programme permet de coordonner les efforts des acteurs locaux, des collectivités et des agriculteurs, afin de mettre en place des actions efficaces pour préserver la qualité de l'eau. Ce travail collaboratif est essentiel pour garantir des solutions durables et adaptées aux spécificités locales.

Pour lutter contre les pollutions d’origine agricole, l’agence de l’eau soutient dans le cadre ces accords de territoire, la transition écologique de l’agriculture. Des aides directes aux agriculteurs et à l’animation territoriale sont mises en œuvre pour accompagner les filières et les territoires pour une transition alimentaire favorable à la ressource en eau. Par exemple, le développement de filière chanvre, ou filières bio. Il revient à tous les acteurs de construire un modèle économique viable pour la collectivité comme pour les agriculteurs. Ces actions sont associées à l’aménagement des bassins versants, à des solutions fondées sur la nature aux bénéfices multiples.

Aussi, un système de suivi est mis en place pour évaluer l’efficacité des actions entreprises et garantir que la qualité de l’eau s'améliore de manière mesurable.

Solidarité urbain-rural : un soutien renforcé pour les territoires défavorisés

Afin d’accompagner les communes les plus rurales concernées par le zonage France ruralités revitalisation (FRR) qui rencontrent des difficultés accrues pour investir, l’agence de l’eau soutient les projets permettant l’amélioration de la performance des usines et de la qualité de l’eau. L’agence de l’eau Loire-Bretagne accompagne également les projets d’interconnexions sur ces territoires lorsqu’il est indispensable de sécuriser l’approvisionnent en eau potable.

En plaçant la protection des captages au centre de son 12e programme d’intervention, l'agence de l'eau répond aux priorités du ministère chargée de la Transition écologique. Elle participe activement à l’élaboration de solutions durables pour garantir un approvisionnement en eau potable de qualité. En soutenant les territoires à travers un accompagnement financier, technique et collaboratif, l’agence de l’eau aide à prévenir la fermeture des captages. Dans le cadre de sa solidarité urbain-rural, elle assure une gestion plus résiliente des ressources en eau avec un soutien des territoires ruraux vulnérables.

Sensibilisation et opération foncière pour préserver la ressource en eau

Vidéo - Sensibilisation et opération foncière pour préserver la ressource en eau

La Régie des eaux des Coëvrons mène des opérations foncières pour protéger l’eau dans les aires d’alimentation de huit captages d’eau potable prioritaires dans la Sarthe et la Mayenne.

© Une Image à part / Agence de l'eau Loire-Bretagne

Voix-off : 2010. Au cœur du bocage mayennais. Sur ce territoire agricole, de polyculture et d’élevage, le constat est sans appel : nitrates et pesticides, la qualité de l’eau se dégrade. À Vaubourgueil, malgré un paysage bocager plutôt préservé, des pics de concentration de nitrates sont constatés au captage. Il devient prioritaire d’agir. Les terres sont achetées par la régie des eaux des Coëvrons, et remises en prairies.

Marie PLET, Chargée de protection de la ressource en eau - Régie des eaux des Coëvrons :

Elle achète les terres qui sont situées sur l'aire d'alimentation du captage. Elle les propose à des agriculteurs qui sont situés autour de ce captage. L'objectif, c’est de ré-enherber toute l'aire d'alimentation de captage. Une solution pour maintenir une bonne composition du sol et la qualité de l'eau.

Les actions

Voix-off : la Bazouge de Cheméré, à deux pas d’une zone naturelle sensible. Germain Goujon, est agriculteur bio depuis son installation en 2011. 70 vaches allaitantes, 50 hectares pour la culture de céréales, et autant en prairies naturelles. Une partie de ses terres, autour de 2 captages d’eau potable, appartient à la régie des eaux et à la Communauté de Communes du Pays de Meslay Grez . Il est en location. Mais ce n’est pas tout. Ici, un autre dispositif est en place pour améliorer la qualité de l’eau potable : des cultures tests, expérimentales. 12 producteurs se sont lancés dans ces essais innovants.

Germain GOUGEON - Agriculteur bio - La Bazouge de Cheméré :

L'idée, c'est de faire l'intensification végétale et d'avoir toujours des plantes à pousser toute l'année, de réduire les temps où le sol est nu par des plantes qui peuvent être innovantes, par des techniques de travail du sol qui changent un peu. Les actions du syndicat d'eau nous confortent et nous permettent d'avancer un peu plus vite et d'avoir un cadre aussi aux essais. C'est super intéressant.

Marie PLET - Chargée de protection de la ressource en eau - Régie des eaux des Coëvrons

On a pu planter des haies son exploitation. Ça permet aussi de maintenir des sols en place, en bonne santé, qui filtrent, qui améliorent la qualité de l'eau.

Voix-off : dans l’est mayennais, 8 captages prioritaires sont sous surveillance, autour des communes d’Evron et Meslay du Maine, en Mayenne, Sillé-le-Guillaume dans la Sarthe. 100 agriculteurs sont concernés, 50 font partie d’un réseau de référence, et 12 testent les essais agronomiques, comme Germain et Dominique. Il est producteur de porcs, et de céréales sur 80 hectares, porte-parole des agriculteurs

Dominique PILON – Agriculteur - Torcé-Viviers-en-Charnie (53) :

Il faut de plus en plus qu'on soit dans la maîtrise de nos intrants. Et ça, honnêtement, déjà, les trois quarts des agriculteurs le font. C'est difficile aussi d'aller vers l'inconnu. On a une économie d'entreprise à avoir et on se doit d'être prudent.

Marie PLET - Chargée de protection de la ressource en eau - Régie des eaux des Couëvrons :

C'est un travail de négociation. Il faut savoir être à l'écoute des agriculteurs, comprendre leurs préoccupations. Et puis mettre en perspective aussi les préoccupations de la collectivité. On a vraiment cette notion de confiance mutuelle. La clé pour réussir ce genre de projet.

Voix-off : chaque projet est donc bâti en concertation avec les élus, les agriculteurs, les experts de de l’environnement, de l’eau. Il est encadré par un contrat territorial.

Corinne MOREL - Chargée d’interventions agricoles - Agence de l’eau Loire-Bretagne :

Le contrat territorial, c'est l'outil de l'agence pour contractualiser avec différents partenaires qui souhaitent intervenir au niveau des sources de pollution. La base de tous les contrats, c'est la préservation de la ressource. C'est communiquer et sensibiliser au maximum les acteurs autour, pour justement améliorer la qualité de l'eau

Voix-off : les chantiers du dernier contrat ont coûté 1 million 8 000 000 euros, financé à 60 % par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, 20 % par le département de la Mayenne et 20% par les services d’eau des 3 collectivités.

Communication et sensibilisation

Marie PLET - Chargée de protection de la ressource en eau - Régie des eaux des Coëvrons :

L'objectif, c'est vraiment de faire comprendre aux enfants que l'eau qui coule au robinet, c'est l'eau qui est sous nos pieds.  On m'a dit que sous mes pattes, il y avait de l'eau. Tu le savais toi ? Ce sont vraiment les paysages qui entourent les enfants, qui nous entourent tous, qui conditionnent la qualité de l'eau.

Guy BARRIER - Président - Syndicat Intercommunal d’Adduction d’Eau Potable, Sillé-le-Guillaume (72) :

On a aussi ciblé les jeunes avec toutes les écoles du secteur, on a mobilisé 300 élèves pour un concours d'étiquettes sur les bouteilles. Ce sont souvent nos jeunes qui vont donner le message à leurs parents. Ils ont un regard différent sur ce qu'on peut faire tous les jours pour protéger l'eau…

Voix-off : la Régie des eaux des Coëvrons gère la production, la distribution, le transport, la protection de la ressource en eau pour 28 000 habitants de 29 communes.

Régis LEFEUVRE – Président - Régie des eaux des Coëvrons :

Il faut continuer sur cette lancée. C'est un travail de longue haleine. Les agriculteurs sont prêts à nous aider.C'est vraiment un travail coopératif. On ne peut pas y arriver sans eux. Je pense que ce sera aussi une nouvelle piste pour l'avenir : aller voir les privés pour qu’ils puissent nous aider à avancer pour améliorer cette qualité de l'eau…

Les perspectives

Voix-off : Bilan : les taux de nitrates n’augmentent plus sur 4 des 8 captages. Depuis 2016, chaque année, 250 hectares de couverts végétaux multi-espèces ont été semés et 14 km de haies bocagères ont été plantées.

Corinne MOREL - Chargée d’interventions agricoles - Agence de l’eau Loire-Bretagne :

Les perspectives, c'est de poursuivent, d’être plus ambitieux, de cibler peut-être plus d'actions pour justement améliorer la qualité de l'eau

Régis LEFEUVRE – Président - Régie des eaux des Coëvrons :

L’eau, c'est vital pour tous les habitants, qu'ils soient urbains, qu'ils soient ruraux. On sait que l'eau, c'est la vie.

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