Loire moyenne : un état des eaux préoccupant
Le sous-bassin Loire moyenne couvre le bassin versant de la Loire depuis l’aval de Nevers jusqu’à la confluence avec la Vienne en amont de Saumur. Et les bassins versants de ses affluents l'Indre et le Cher. Ce territoire de 27 350 km² compte 1,9 million d’habitants. Avec moins de 20 % de ses cours d’eau en bon état, c’est l’un des plus dégradés du bassin Loire-Bretagne, mais 38 % sont en état moyen. Autant de raisons d’agir.
16 % des cours d’eau en bon état écologique et 38 % en état moyen
Les déclassements les plus marqués concernent les poissons et les diatomées. L’indice poisson est déclassé pour près de 63 % des cours d’eau sur lesquels il est mesuré. Il reflète l’effet de l’ensemble des pressions qui s’exercent sur le cours d’eau : pollutions, altérations de la morphologie et de l’hydrologie. L’indice diatomées, du nom d’algues planctoniques, qui réagit aux pollutions classiques (nitrates, phosphore…), est déclassé pour plus de 47 % des cours d’eau sur lesquels il est mesuré.
Mais les 38 % de cours d’eau qui sont en état moyen montrent que des marges d’action existent pour améliorer la situation.
Évaluation 2017 de l'état écologique des eaux de surface en Loire moyenne
Date carte : 14 août 2020 - Période de données : 2015 à 2017 - © Agence de l'eau Loire-Bretagne
Les trois quart des eaux souterraines sont en bon état
Sur les 27 masses d’eau souterraine, 20 sont en bon état chimique et 24 en bon état quantitatif. Les nitrates, ou les pesticides, et parfois les deux, sont à l’origine des déclassements de l’état chimique.
Les calcaires et marnes du jurassique supérieur du bassin versant de Yèvre-Auron, ainsi que les calcaires et marnes du Jurassique supérieur du bassin versant de Trégonce-Ringoire libres, sont déclassés à la fois sur le plan chimique et sur le plan quantitatif.
Évaluation 2017 de l'état chimique des eaux souterraines - Loire moyenne
Date carte : 14 août 2020 - Période de données : 2012 à 2017 - © Agence de l'eau Loire-Bretagne
La qualité physico-chimique des cours d’eau s’améliore plus vite que la biologie
État écologique 2017 des cours d'eau en Loire moyenne
septembre 2020
© Agence de l'eau Loire-Bretagne
Diagramme en bâtons présentant l'état écologique 2017 des cours d'eau en Loire moyenne avec en ordonnées le pourcentage (de 0 à 100 %) de cours d'eau et en abcisses les éléments de qualité biologiques et les éléments de qualité physico-chimiques. Pour chaque type d'élément, dans un bâton, la part des cours d'eau en très bon état, en bon état, en état moyen en état médiocre et en mauvais état est représentée et différenciée par une couleur sur laquelle est inscrit le pourcentage correspondant.
Pour les éléments de qualité biologiques, 20 % des cours d'eau sont en bon état, 38 % en état moyen, 25 % en état médiocre et 17 % en mauvais état.
Pour les éléments de qualité physico-chimiques, 46 % des cours d'eau sont en bon état, 38 % en état moyen, 10 % en état médiocre et 6 % en mauvais état.
Si l’état écologique, qui est indicateur de résultat très intégrateur, ne montre pas d’évolution significative, certains paramètres intermédiaires montrent des résultats plutôt encourageants.
Ainsi, les paramètres physico-chimiques tendent à s'améliorer davantage que les indicateurs de l'état biologique avec 46 % des cours d'eau en bon ou très bon état .
Des actions qui portent leurs fruits !
Une nouvelle station d'épuration intercommunale à Vendôme
Dans le Loir-et-Cher, l’ancienne station de traitement des eaux usées de Vendôme, située en zone inondable, était obsolète et pas dimensionnée pour le traitement de l’azote. Les effluents d’Areines, Meslay et Saint-Ouen étaient traités par la station d’épuration de Saint-Ouen, de moins en moins performante.
Concentration en ammonium dans le Loir
en aval de la station d'épuration intercommunale de Vendôme
© Agence de l'eau Loire-Bretagne
Pour les remplacer, une nouvelle station intercommunale a été construite sur un nouveau site. Elle est dotée d’une filtration membranaire, une première pour le département. Cette technologie innovante, compacte et peu consommatrice de foncier permet d’assurer de très bonnes performances de traitement des effluents. La nouvelle station élimine presque 100 % de la pollution azotée contre 50 % pour l'ancienne. Conséquence, une amélioration immédiate de la qualité a été mesurée sur le Loir : les concentrations en azote dans le cours d’eau ont été réduites de 80 % pour l’ammonium et 30 % pour le phosphore.
Suppression d’un seuil sur la Remberge
A Saint Ouen-les-Vignes, en Indre-et-Loire, le syndicat intercommunal pour l’entretien et l’aménagement de la Remberge* a supprimé un seuil, à l’origine construit pour alimenter en eau une cimenterie désormais fermée. D’une hauteur d’environ un mètre, il représentait un obstacle à la libre circulation des poissons et des sédiments et provoquait un colmatage du fond du cours d’eau en amont de l’ouvrage. Cela induisait une uniformisation et une perte des habitats de reproduction, notamment pour la truite. Et cela créait une érosion menaçant la stabilité de la berge. L’ouvrage a été arasé, le lit du cours d’eau resserré en amont afin de limiter l’abaissement de la ligne d’eau, et les berges ont été retalutées en pentes douces. Ces travaux ont amélioré la qualité piscicole de la Remberge. Des pêches régulières ont permis de mesurer une amélioration progressive et l’atteinte d’une bonne qualité piscicole, notamment marquée par le retour de la truite.
Suppression d'un seuil sur la Remberge à Saint-Ouen-les-Vignes (37)
Ouvrage de la Longueterie - La Remberge après travaux d'arasement et de talutage des berges en pente douce
© Valentin BAHE / SMB Cisse
* Le syndicat intercommunal pour l’entretien et l’aménagement de la Remberge a depuis fusionné avec d’autres syndicats sur le bassin versant de la Cisse pour former le syndicat mixte du bassin de la Cisse et de ses affluents.
Où agir et comment agir ?
L’état des lieux du Sdage 2022-2027 a permis de mettre en évidence les trois grandes priorités d’action du territoire pour atteindre le bon état des cours d’eau et des eaux souterraines :
- maintenir la dynamique pour restaurer l’hydromorphologie et la continuité des cours d’eau, enclenchée depuis une dizaine d’années, à la fois sur le nombre d’opérations engagées, les linéaires concernés et l’ambition des travaux.
- monter en puissance pour réduire les apports d’intrants agricoles à l’origine des pollutions diffuses, et limiter leurs transfert vers les cours d’eau, que génèrent le ruissellement et l’érosion des sols : par des actions en bord de cours d’eau (ripisylve, zones tampons) mais également à l’échelle du bassin versant (occupation du sol, pratiques agricoles, haies, amont des bassins…).
- réduire la pression sur la ressource en eau par des économies d’eau pour les usages les plus consommateurs d’eau à l’étiage, par le développement d’une gestion concertée de la ressource, en limitant les impacts de l’évaporation au niveau des plans d’eau en été, leur densité étant très importante dans certaines secteurs. La mise en œuvre de mesures naturelles de rétention d’eau est également à favoriser (amélioration des capacités de rétention des sols, restauration de zones humides, zones tampon…). Elles contribuent à atténuer les déficits quantitatifs mais également à rendre plus résilients les territoires face au changement climatique. Elles doivent trouver leur place dans les parties les plus sensibles des bassins, notamment les têtes de bassin, qui représentent notre capital hydrologique.