Monsieur le Ministre, Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire, mes chers collègues.
Monsieur le Ministre, je me suis dit…je n’ai pas bien dormi cette nuit… je me suis dit, qu’est-ce-que tu vas dire demain matin ? (voix off, Sébastien Lecornu : suffit de me le demander) et j’ai fait le pari de ne pas écrire mon propos et de vous parler un peu avec le cœur du bassin. Je voulais vous dire mes remerciements au nom de tous mes collègues ici présents. Et vous savez vous avez une assemblée très particulière puisque c’est la seule assemblée en France qui fait de la démocratie participative organisée. Vous avez des élus, des associations, des industriels, des agriculteurs, des consommateurs, des pêcheurs, qui discutent d’un sujet commun. On se rencontre tous les 3 mois à peu près. On a des commissions tous les mois, sur tous les sujets de l’eau. Et c’est à Orléans que cela se passe, parce que nous sommes organisés autour de la Loire Bretagne. Moi je suis breton vous savez, je ne vais pas insister trop parce que ici je n’ai pas le droit de le dire. Ou je suis suspecté d’être trop breton. Mais je voulais vous dire qu’on est très heureux d’être dans cette organisation qui est assez quasi originale et assez exceptionnelle. Et je voudrais vous dire Monsieur le Ministre que ce modèle français de l’eau qui est né de la loi 64, est une référence au niveau internationale. Et une référence qu’il faut faire vivre. Alors je pense qu’on s’est un peu endormi. Ce n’est pas moi qui le dit c’est Joël Pélicot. On s’est un peu endormi ces dernières années. Ce n’est pas de ton fait Joël (Thierry Burlot s’adresse à Joël Pélicot). Quand je dis on s’est un peu endormi, je dis les élus se sont un peu endormis en oubliant la responsabilité qu’on avait dans cette instance. Et je vous fais la promesse Monsieur le Ministre, que si vous savez sauvegarder les comités de bassin et les agences de l’eau on sera prêt au rendez-vous, parce que le sujet est majeure. Il n’y aura pas de développement économique, pas d’aménagement des territoires, pas de bien-être de nos populations, si on n’a pas un profond respect de la problématique de l’eau. L’eau est un enjeu majeur. Majeur. Et je veux qu’on soit à la hauteur du défi. Nicolas Hulot avait beaucoup œuvré pour la COP 21. Les fameux accords de Paris. Je vous rappelle l’ambition : contenir un 2 degré d’augmentation de la température en 2100. Aujourd’hui on n’en est plus là. Aujourd’hui c’est 4 à 5 degrés en 2100. Résultat de la COP 23 à Bonn. Donc l’urgence climatique, elle est majeure. Elle est incontournable. Et la question de l’eau dans tout ça, elle est essentielle. Sans eau, pas de développement. Et les territoires qui se développeront ici, en France, dans le monde, seront des territoires qui auront de l’eau. En quantité et en qualité. Mais avant tout de l’eau brute. Parce qu’ensuite on peut tout faire avec. Mais avant tout de l’eau brute. Et on voit bien l’interdépendance entre les territoires. Suis tombé sur un reportage il y a deux jours, sur le lien entre l’Ethiopie et l’Egypte. Avec ce fameux barrage, que les éthiopiens ont créé. Et qui risque d’avoir des conséquences extraordinaires sur les agriculteurs égyptiens. Monsieur le Ministre, ici, on va vivre les mêmes sujets. J’ai pris la présidence du comité de bassin il y a quelques mois, et moi vous savez je suis breton et je suis un peu marqué par 30 ans de reconquête de la qualité de l’eau. Puisqu’on va fêter les 30 ans de Bretagne Eau Pure. Grâce aux agences de l’eau d’ailleurs. Et la Bretagne aujourd’hui, au moment où je vous parle, est en train de sortir des contentieux européens. Mais qu’est-ce qu’on a morflé sur la qualité : nitrates, pesticides, algues vertes, je ne vous dis pas. C’est même l’image de notre région qui a été marquée. Durablement. Et Monsieur Le Drian vous le dirait mieux que moi. On n’était pas loin de la guerre civile en Bretagne. De la stigmatisation, de la tension sociale autour d’un bien commun, l’eau. Alors j’ai fait le tour et je suis allé à Poutès, je suis allé là-haut, je ne suis pas encore allé aux sources ceci dit… mais je vais y arriver… Je suis allé à Blois, à Vichy, et j’ai vu ce fleuve extraordinaire qu’est la Loire. Parce que c’est vrai que quand on est breton on a affaire à des petits fleuves. Et là j’ai vu des choses extraordinaires. Il y a une chose qui m’a profondément marqué c’est le saumon. Et c’est l’état du saumon qui est capturé à Vichy. Vous savez le saumon, c’est une bête assez extraordinaire, capable de faire 900 km pour remonter … et bien il y a du saumon qui remonte dans la Loire. Mais alors faut voir dans quel état ils arrivent. Mais ils arrivent encore. J’ai écouté avec attention sur Facebook la vidéo entre Nicolas Hulot et le Premier Ministre. Sur l’irréversibilité. On n’en est pas loin, on n’en est pas loin. Donc ce que je voulais vous dire Monsieur le Ministre à travers tout ça, c’est que sachez qu’ici il y a des acteurs mobilisés autour de l’eau, et que ce n’est pas qu’une question d’argent je suis bien d’accord. C’est une question de cohérence des politiques publiques. C’est une question de transversalité. C’est une question de mutualisation et de solidarité. Entre l’amont, l’aval, la ville, la campagne. Il y a plein de collègues ici qui ont travaillé beaucoup le sujet. Vous savez, le 11e programme, on l’a préparé. Laurent Gérault avec Philippe Albert ont fait un travail exceptionnel et ont posé des contraintes financières. Exceptionnel. Pour essayer de rentrer dans les cases, comme on dit. Mais je ne voudrai pas que les assises de l’eau ne soient qu’une affaire de tuyaux. Je ne veux pas que les assises de l’eau ne soient qu’une affaire de tuyaux. C’est beaucoup plus grave que ça. C’est beaucoup plus important que ça. Et je voudrai dire aux associations qui ont été nos sentinelles finalement, nos alertes conçues à travers des messages parfois percutants, nous interpeller sur tous ces sujets. Ils avaient raison parce que préserver l’eau, préserver la biodiversité, c’est d’abord se respecter, respecter les autres, respecter les générations futures. Et c’est ça le sujet des assises, ce n’est pas autre chose. Alors Monsieur le Ministre vous savez j’aurai pu vous parler du plafond mordant. J’aurai pu vous parler de tout cela. Je n’ai pas envie de vous parler de tout cela. J’ai envie de vous parler de solidarité entre l’amont et l’aval, j’ai envie de vous dire que le bassin que vous venez voir ici, c’est le plus grand de France. C’est celui qui a les redevances les plus faibles. C’est celui qui exprime le mieux la solidarité entre l’urbain et le rural. C’est le plus grand fleuve d’Europe. Je peux vous dire que tous les collègues qui sont dans la salle ici sont mobilisés. On a voté notre plan climatique. On veut aller encore plus loin. On a des tensions entre nous, on n’est pas toujours d’accord. On dégage des consensus. On dégage des consensus. Et c’est ça la force du comité de bassin, c’est d’être capable d’exprimer ça. Alors on a lancé une motion et je terminerai par là. On vous a interpellé, pas pour vous embêter. On n’est pas là pour vous embêter. Vous le savez Monsieur le Ministre, je vous l’ai dit depuis le début. Mais écoutez nous. Ecoutez nous. On a beaucoup de choses à vous dire, beaucoup de choses à exprimer et c’est la France qui parle. C’est la France de tous les terroirs qui parle. Qui vous dit Monsieur le Ministre ce n’est pas qu’une affaire d’argent, mais on en a besoin quand même un petit peu. Merci en tout cas d’être venu à notre congrès.