Campings en Vendée : opération remarquable vers la sobriété en eau

En région Pays de la Loire, les fédérations de l’hôtellerie de plein air sont fortement mobilisées pour réduire les consommations d’eau potable des campings du territoire. L’agence de l’eau Loire-Bretagne accompagne cette opération. Focus sur la Vendée qui compte près de 400 hébergements de plein air.

À la saison estivale, 4 à 5 millions de vacanciers sont accueillis sur le département. Cela représente un potentiel d’économie sur la ressource en eau important à une période où celle-ci peut être particulièrement en tension. Le littoral nord-ouest notamment, compte peu de ressources en eau souterraines. On estime à 2,5 millions de m3 par an la consommation en eau des hébergements touristiques en Vendée.

30 campings vendéens engagés pour réduire leur consommation d’eau de 20 % sur la période 2023-2025

La Fédération vendéenne de l’hôtellerie de plein air (FVHPA), Vendée Expansion, Vendée Eau et le cabinet d’études Betterfly Tourism, ont analysé les consommations d’eau d’une trentaine de campings à l’été 2023. Cette « Étude des gisements d’économies potentielle pour la FVHPA » a pour partie été financée par l’agence de l’eau.

Les résultats très généralistes, ont permis de proposer une seconde étude de suivi des consommations à une trentaine de campings, également financée par l’agence de l’eau. Vendée Eau, partenaire de l’opération, a fourni une centaine de compteurs afin de mesurer les consommations. En 2023, place à l’expérience sur le terrain afin de scruter les consommations secteur par secteur. Objectif pour la trentaine de campings engagés dans l’expérimentation, réduire leur consommation de 20 % en 2025.

Photo portrait d'Olivier Brunner, agence de l'eau Loire-Bretagne

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

Olivier Brunner, chargé d’intervention à la délégation Maine-Océan précise :

« L’agence de l’eau s’est investie dans cette opération car elle est remarquable. Ce département est extrêmement sensible aux conditions de sécheresse et de tension sur la ressource ».

Des audits pour chaque camping

Les audits réalisés ont montré que la consommation moyenne d’un camping est de 178 m3 par nuitée, avec de fortes disparités selon les structures. 70 % sont liés aux usages sanitaires, 25 % à la piscine et 5 % à l’arrosage. Le taux de fuite est difficile à estimer mais peut potentiellement augmenter la consommation du camping de 25 %. La méthodologie utilisée pour l’étude de gisements d’économies croise différentes données : consommation globale, consommation par usage (sanitaires, piscine, pédiluve, etc.), nombre de nuitées, nombre et type d’emplacements, etc.).

De la modélisation théorique à la solution pratique

L’étude révèle une très grande disparité des consommations entre les campings avec une fourchette allant de 14m3 par emplacement à 158 m3. La moyenne globale est de 39 m3.

Le calcul des consommations, l’analyse des ratios et des consommations théoriques comparées à la facturation réelle ont permis de déterminer des consommations d’eau excessives de certains établissements du panel, à hauteur de 25 %. Il en résulte un potentiel de réduction de 46 % sans investissements importants, en appliquant de bonnes pratiques : kits hydro-économes sur les douches, robinets et toilettes, prévention des fuites, réutilisation de l’eau des pédiluves.

Un potentiel de 51 % d’économies d’eau

Différentes méthodes de calcul ont été utilisées pour estimer les économies d’eau potentielles. Si la consommation des campings était réduite à 30 m3 par emplacement, une économie de 40 % d’eau pourrait être réalisée, soit 112 728 m3. Plus ambitieux encore, avec une consommation de 20 m3 par emplacement et quelques investissements, 57 % des consommations seraient économisées. En appliquant de bonnes pratiques telles que des réducteurs de débits, des toilettes double flux, la prévention des fuites et la réutilisation de l’eau de piscine pour le pédiluve, les économies d’eau sont estimées à 46 %, sans investissement majeur, voire 51 % aves des investissements plus innovants.

Des plans d’actions personnalisés

Tous les campings du panel ont fait l’objet d’un rapport d’études comprenant un état des consommations et un plan d’actions individualisé. Olivier Brunner indique « Ces études sont exemplaires à double titre. L’hôtellerie de plein air est un secteur qui consomme beaucoup d’eau en été, période de tension sur la ressource. De plus, la Vendée est un des départements en France les plus concernés par une raréfaction de la ressource en eau en période estivale ». Plusieurs campings se sont déjà engagés et sont accompagnés par l’agence de l’eau. À titre d’exemple, le plan de réduction des consommations d’eau d’un camping de 476 emplacements (hébergements et emplacements nus), ayant réalisé 78 450 nuitées en 2023, représente un investissement de 88 090 HT avec un retour sur investissement de 3 ans et 9 950 m3 d’eau économisés correspondant à un gain financier de plus de 28 000 euros sur la facture d’eau.

Un catalogue de solutions concrètes

Sur la base des audits, le bureau d’étude a réalisé un catalogue de solutions concrètes :

  • gestion des réseaux et détection des fuites
  • production d’eau chaude
  • lavage des filtres de piscine
  • ou encore la robinetterie.

Le catalogue comprend des fiches descriptives de chaque équipement comprenant le détail du potentiel d’économie d’eau, le coût moyen et les performances techniques, de quoi choisir en toute connaissance de cause. L’étude met en avant que toute démarche de préservation de la ressource en eau nécessite de la méthode :

  • connaissance précise des postes de consommation
  • réduction des besoins et sobriété hydrique
  • efficacité des équipements
  • actions de recyclage.

Olivier Brunner conclut :

« L’agence de l’eau Loire-Bretagne a participé au financement de ces études et aux premiers dossiers Travaux. Par ailleurs, complémentairement à l’opération vendéenne, une trentaine des campings de la région Pays de la Loire (essentiellement en Loire-Atlantique et Maine-et-Loire) sont accompagnées par la FRHPA. Des compteurs de télérelèves sont en cours de déploiement dans un double objectif : mieux cerner les principaux postes de consommations en eau et identifier les fuites d’eau potentielles. Les gestionnaires de campings sont très motivés pour s’engager vers la sobriété. Ils ont conscience que le sujet de la ressource en eau sera de plus en plus prégnant dans les années à venir. Ils s’engagent, par exemple, dans des projets d’installation de recyclage des eaux de lavage des filtres de piscine, où l’économie d’eau attendue est de l’ordre de 80 %. Plusieurs dossiers sont actuellement instruits par l’agence de l’eau ».

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