Implantation de couverts végétaux sous céréales avant moisson
Syndicat mixte Arguenon-Penthièvre (SMAP 22)
Voix-Off : Cet immense barrage, au bord de l’Arguenon, le fleuve côtier qui se jette dans la Manche, retient la plus importante réserve d’eau des Côtes d’Armor. 11 millions de mètres cubes d’eau peuvent y être stockés. Cette retenue alimente 220 000 habitants en eau potable, un tiers du département. Le traitement, la qualité de l’eau, c’est donc un enjeu majeur pour le syndicat mixte Arguenon-Penthièvre, gestionnaire de ce site.
Ici, avant traitement, l’eau arrive chargée de nitrates, de pesticides et de tonnes de terre.
Michel Raffray, Président / Syndicat mixte Arguenon-Penthièvre
Ici, c’est relativement simple. On enlève toutes les matières grossières qui sont dans l’eau. À peu près 8 tonnes de terre, de matière tous les jours. C’est énorme donc il faut qu’on essaye d’en limiter l’apport.
Voix-Off : Et justement, pour obtenir une eau brute moins polluée, en amont du barrage, les élus du syndicat et les acteurs du monde agricole ont monté un groupe de pilotage. Ils travaillent ensemble depuis 20 ans, dans ce bassin où les céréales occupent environ la moitié de la surface agricole.
David Bouvier, conseiller agronome / Chambre d’agriculture de Bretagne
Comme partout en Bretagne, on est sur des territoires avec un réseau dense de cours d’eau. Il y a des interactions obligatoirement entre les cultures et les rivières. Et donc c’est pour cela qu’on met en place des couverts végétaux pour capter l’azote et le mettre dans les plantes plutôt que de le laisser partir dans les rivières.
Voix-Off : Le couvert végétal, c’est un semis de Phacélie, de moutarde ou de radis chinois. Des plantes qui, après la récolte de céréales, vont donc couvrir, protéger le sol, limiter le lessivage de l’azote et l’érosion des sols, favoriser la biodiversité.
Guy CORBEL, agriculteur / Trémeur (22)
On a semé 48h avant la moisson donc on a un couvert là, qui est déjà bien levé.
Voix-Off : Ici, il est utilisé ici, depuis une dizaine d’années. Mais depuis 3 ans, les producteurs ont innové et implanté les couverts végétaux avant la moisson.
David Bouvier, conseiller agronome / Chambre d’agriculture de Bretagne
Pour qu’ils soient efficaces il faut qu’ils soient semés le plus tôt possible. En semant tôt, ils profitent des conditions de températures et d’ensoleillement de l’été pour vraiment pousser et protéger le sol.
Guy CORBEL, agriculteur / Trémeur (22)
Quand on couvre notre sol entre chaque culture, on a une terre qui est beaucoup plus facile à travailler, des cultures de meilleure qualité, une absorption de l’azote qui est excellente et puis derrière, voilà, une eau qui est de meilleure qualité tout simplement.
Voix-Off : Pour implanter ces couverts végétaux avant la récolte, les céréaliers du bassin utilisent un semoir de 24 mètres d’envergure, financé par le syndicat, conçu et fabriqué dans cet atelier breton.
Yves Marie Devrand, Directeur Entreprise Devrand / Concepteur du semoir Maxi Couv’
Il faut que le semoir soit positionné aux alentours d’1 mètre, 1,50 mètre au-dessus de la récolte. On a mis une bâche sous le tracteur, pour que la bâche puisse glisser et ne pas casser les épis de céréales. On participe, à notre échelle, à l’amélioration de l’environnement.
Voix-Off : Guy Corbel et les céréaliers sèment ainsi plus de 12 hectares à l’heure,
le temps de travail est réduit, tout comme les pollutions diffuses.
Guy CORBEL, agriculteur - Trémeur (22)
Si l’on veut continuer à garder des exploitations en Bretagne, il faut absolument qu’on ait une performance environnementale au niveau de l’exploitation qui soit à la hauteur parce que l’enjeu est quand même très important.
Voix-Off : Et le travail de fond, collectif, engagé, avec les agriculteurs et les élus, est payant. À l’usine de traitement, en moins de 10 ans, les taux de nitrates et pesticides ont été divisés par 2.
Michel Raffray, Président / Syndicat mixte Arguenon-Penthièvre
On a des résultats intéressants, on ne peut faire avancer et accepter des démarches que si chacun y retrouve son compte. Et c’est au fil du temps qu’on a découvert qu’on était assez unique dans la démarche, qu’on a créé un climat de confiance qui nous a permis d’avancer. On est prêt à exporter notre savoir-faire.