100 projets « Eau et Climat » pour l’Afrique
Pour relever le défi de l’eau et du climat, il faut favoriser l’émergence de projets ambitieux et innovants. C’est une nécessité partout dans le monde, mais plus particulièrement en Afrique, une des régions les plus vulnérables aux impacts du changement climatique. L’agence de l’eau Loire-Bretagne et les cinq autres agences de l’eau accompagnent une vingtaine de projets « Eau et climat » pour l’Afrique.
L’eau, bien vital menacé par le changement climatique
Inondations et sécheresses plus fréquentes et intenses, réduction des débits des cours d’eau, dégradation des écosystèmes aquatiques, élévation du niveau de la mer avec pour conséquence la salinisation des eaux souterraines côtières. La baisse de la disponibilité de l’eau et la dégradation de sa qualité n’est pas sans conséquence pour l’Homme.
Développer 100 projets « Eau et Climat » pour l’Afrique en 5 ans
A l’issue du 1e sommet international « One Planet Summit » le 12 décembre 2017 à Paris, le Président de la République française s’est engagé à assurer en 5 ans le développement de « 100 projets Eau et Climat pour l’Afrique ». L’Afrique est l’une des régions du monde les plus vulnérables au changement climatique où les ressources en eau sont intensément menacées.
« 100 projets Eau et climat pour l’Afrique » porte l’ambition de faire émerger des travaux d’étude et de recherche ainsi que de nouvelles infrastructures pouvant être mises en œuvre auprès de 30 pays africains. Cette initiative est coordonnée par l’office internationale de l’eau (OIEau) en tant que secrétaire du réseau international des organismes de bassin (Riob).
De nombreux partenaires se sont mobilisés, dont la Banque Mondiale, le ministère français de l’économie et des finances, l’agence française de développement ou encore le Fonds français pour l’environnement mondial.
Les thèmes attendus pour les projets « Eau et climat »
- la connaissance : suivi, données, systèmes d’information sur l’eau, modélisation, système d’alerte
- la gouvernance – mécanismes de financement durable : renforcement des capacités
- les solutions fondées sur la nature : services rendus
Les agences de l’eau s’engagent
Les agences de l’eau, fortes de leur expérience en matière de coopération décentralisée et de solidarité internationale, s’engagent à accompagner 20 projets sur 5 ans. Treize projets ont d’ores et déjà débuté avec l’appui d’un réseau français et international d’opérateurs techniques et de partenaires financiers : la compagnie d’aménagement des Coteaux de Gascogne, la région Nouvelle Aquitaine, l’organisation de solidarité internationale Agrisud, le centre international de développement et de recherche ou encore l’association Koassanga.
Deux projets d’incubation portés par l’agence de l’eau Loire-Bretagne
© Agence de l'eau du Nakanbé
Burkina Faso : gestion des ressources en eau sur le bassin Sage Massili-Ziga
Localisation : Nakanbé moyen - Sous bassin du Sage Massili-Ziga
Une incubation financée par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, portée par l’agence de l’eau du Nakanbé (Burkina Faso), coordonnée par l’Oieau.
Il existe trois comités locaux de l’eau dans le sous-bassin Massili – Ziga. Ils ont réuni leurs efforts pour réaliser un état des lieux conjoint du territoire. La dégradation du couvert végétal issue des variations et changements climatiques diminue la recharge potentielle des nappes souterraines par infiltration. Elle contribue également à la dégradation des berges des cours et plans d’eau voire la disparition des zones humides. Ces dernières, en plus d’être des réservoirs de biodiversité, contribuent également à la recharge des nappes, à l’épuration naturelle de l’eau et constituent un frein pour les inondations.
L’objectif du projet d’incubation est d’apporter un appui à l’agence de l’eau du Nakanbé et aux acteurs du futur Sage Massili-Ziga pour définir et formaliser les actions opérationnelles de court terme et de long terme rendues nécessaires par cette situation. Au travers de cette formalisation, il s’agit aussi de les rendre conformes aux conditions de financement des grands bailleurs de fonds internationaux de la finance climat.
Un projet pour gérer l’eau à court et à long terme
Le projet prévoit des actions à court terme et à long terme. A court terme, il s’agit principalement de mettre en place de solutions fondées sur la nature pour gérer les phénomènes de ruissellement des eaux pluviales et d’érosion des sols, et un système d’alerte et de surveillance des eaux. A plus long terme, l’accent est mis sur l’organisation de la gouvernance et les mécanismes de financements des services rendus.
Actions à court terme - 3 ans :
- technologies alternatives de récupération des eaux pluviales et de ruissellement et gestion intégrée des eaux pluviales, accompagnement des communes dans la gestion des eaux pluviales (schéma communal directeur de drainage),
- création de zones naturelles d’expansion des crues,
- mise en œuvre de techniques de conservation des eaux et des sols (cordons pierreux, diguettes, diguettes filtrantes, terrasses, demi-lunes, agroforesterie, fixation de dunes),
- système d’alerte en lien avec le projet Rain Cell de l’institut de recherche pour le développement France (concept innovant et écologique au service d’enjeux climatiques et sociétaux qui consiste à mesurer la pluie et anticiper les risques liés à l’excès (inondation) ou au déficit (sécheresse) de précipitation, en s’appuyant sur les réseaux de téléphonie mobile), réseau de suivi, systèmes d’information, bases de données, génie végétal,
- système de surveillance et de suivi écologique et hydrologique des cours et plans d’eau, élaboration et mise en œuvre d’un programme de restauration et de protection du Nakanbé.
Actions à long terme -10 ans :
- réseau central entre usagers et acteurs institutionnels, cadres d’échanges territoriaux, régionaux,
- comité multi-acteurs, comité territorial (communal, arrondissement, village, etc.) de gestion des crises en milieu urbain et rural, élaboration d’un plan d’adaptation et de gestion des crises à l’échelle du territoire, conforme aux plans nationaux et territoriaux déjà disponibles,
- participation citoyenne dans la collecte et la diffusion des informations, la préparation et la gestion des crises, ancrage et fédération des commissions locales de l’eau du territoire.
- compensation des maraîchers dans les bandes de servitudes pour le respect d’un label écologique
- paiement pour services environnementaux
Burkina Faso : préservation des zones humides, assainissement autonome et valorisation de l’agro-écologie dans le bassin du Nakanbé
Localisation : région du plateau central et proximité, sous-bassin du Nakanbé).
Une incubation financée par les agences de l’eau Loire-Bretagne et Rhône-Méditerranée-Corse et la région Nouvelle Aquitaine, portée par l’agence de l’eau du Nakanbé, en partenariat avec l’association Koassanga, coordonné par l’Oieau.
Les aléas climatiques, caractérisées par des précipitations inégales dans le temps et l’espace, des vents violents, des inondations et des périodes de sécheresses répétées accélèrent la dégradation et la désertification des sols. La fertilité des terres diminue, obligeant les cultivateurs à exploiter des terres jusqu’alors préservées de toutes activités, notamment dans les zones de bas-fonds, situées berges de cours d’eau ou encore de plans d’eau. La question qui se pose est de savoir comment favoriser la sécurité alimentaire tout en préservant les ressources en eau, elles-mêmes vitales pour l’alimentation des populations.
Le projet a pour objectif de favoriser la démultiplication de pratiques agro-écologiques et parallèlement d’améliorer l’accès à l’assainissement pour limiter le taux de maladies hydriques et tropicales.
L’adaptation des modes de production au cœur du projet
Actions à court terme - 3 ans :
- gestion intégrée pour la fertilité des sols,
- latrines EcoSan - latrines « Ecologic sanitation » (assainissent écologique),
- cartographie des sols,
- techniques agro-écologiques, aménagements de bas-fonds…
- re-végétalisation,
- modèle économique local pérenne et réplicable : commercialisation des engrais naturels / revente des produits biologiques à Ouagadougo.
- outils d’aide à la décision : services climatiques et météorologiques, systèmes d’alerte précoce pour une gestion efficiente de la variabilité des changements climatiques,
Actions à long terme - 10 ans :
- comité multi-acteurs, élaboration d’un plan d’adaptation à l’échelle du territoire, conforme aux plans nationaux et territoriaux déjà disponibles,
- réseau central entre usagers et acteurs institutionnel, réseau d’animateurs et de formateurs,
- cadres d’échanges territoriaux et régionaux,
- règles et contrôle de l’activité agricole, compensation des maraîchers dans les bandes de servitudes (« label écologique »),
- création d’une labélisation écologique, mise en place de l’assurance agricole.