Gérer la quantité d'eau pour mieux la partager

La quantité d’eau disponible ne permet pas toujours de satisfaire tous les besoins pour les activités humaines et les milieux aquatiques. Lorsque des déséquilibres existent localement entre les besoins et la quantité d’eau disponible, la mise en place d’une gestion concertée, d'un projet de territoire avec tous les acteurs de l’eau est une solution pour mieux partager l'eau.

La gestion quantitative de l'eau, un enjeu de plus en plus prégnant

Au regard de la quantité d’eau disponible, les prélèvements sont trop importants, en particulier dans les zones de répartition des eaux. Plus de la moitié des cours d’eau du bassin Loire-Bretagne manquent d’eau.

Le maintien de niveaux d’eau suffisants dans les nappes et dans les cours d’eau est primordial pour permettre une utilisation partagée et durable de la ressource, ne pas compromettre la vie des espèces aquatiques et garantir les usages prioritaires comme l’alimentation en eau potable.

Les projections du changement climatique sur le bassin Loire-Bretagne laissent envisager de nombreux impacts sur le cycle hydrologique dès le milieu du siècle. Les conséquences attendues en matière de gestion de l’eau sont préoccupantes pour les milieux associés et pour les usages. La sécheresse de 2022 a acceleré la prise de conscience de ces impacts.

Se concerter pour gérer la quantité d’eau

Se concerter pour mettre en place une stratégie, le projet de territoire, et s'accorder sur un programme d'actions sont des clés pour mieux gérer la quantité d'eau lorsqu'elle est ou risque d'être insuffisante pour satisfaire tous les besoins.

Le projet de territoire, une stratégie pour partager l'eau

Image d'illustration

Le projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) porte sur tous les usages de l’eau. Une de ses finalités est de mettre en œuvre une gestion quantitative globale de la ressource en eau, co-construite avec tous les acteurs du territoire.

Il mobilise différents outils pour une gestion équilibrée entre besoins et ressource disponible, qui respecte le bon fonctionnement des milieux aquatiques, et anticipe le changement climatique en s’y adaptant.

Les premiers projets mis en œuvre sur le bassin Loire-Bretagne concernent les ressources en eau destinées à l’agriculture. Ils se développent autour de tous les usages de l’eau.

Projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) : mode d'emploi

Vidéo - Projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) : mode d'emploi

janvier 2023

© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) - Mode d’emploi

Maïwenn Rochard, Chargée de mission PTGE, bassin Allier aval - Établissement Public Loire
« Le PTGE, c'est une démarche territoriale qui engage l'ensemble des acteurs du territoire à co-construire un programme d'actions qui vise à atteindre l'équilibre entre besoins et ressources en eau. »

Aymeric Dupont, Chargé de mission planification - Agence de l’eau de l'eau Loire-Bretagne
« Pour faire en sorte que le partage de l'eau soit le plus juste possible entre les acteurs, sans oublier au final les milieux aquatiques. »

Benoît Rossignol, Directeur Ressource en eau - Établissement Public Loire
« Et pour que les acteurs choisissent ensemble ce qu'ils veulent faire sur leurs territoires en utilisant une ressource en eau en général limitée. »

Retour d’expérience du PTGE Allier sur le territoire du Sage Allier aval
Établissement Public Loire : structure porteuse du Sage et du PTGE

Aymeric Dupont, Chargé de mission planification - Agence de l’eau de l'eau Loire-Bretagne
« Ce n'est pas un territoire en déficit quantitatif au sens du SDAGE Loire-Bretagne, mais plus de 50 % des masses d'eau sont en pression hydrologique. Donc finalement, ça met en difficulté les milieux aquatiques. »

Maïwenn Rochard, Chargée de mission PTGE, bassin Allier aval - Établissement Public Loire
« On a une étude HMUC qui signifie hydrologie, milieux, usages, climat qui est en cours sur le territoire. Cette étude permet d'affiner la connaissance de ces pressions éventuelles sur la ressource. »

Benoît Rossignol, Directeur ressource en eau - Établissement Public Loire
« En adéquation avec les besoins, on étudie ces quatre volets hydrologie, milieux, usages, climat. Combien on a d'eau ? De quoi on a besoin pour les usages ? De quoi on a besoin pour les milieux, et comment ça évolue avec le climat. Ensuite on croise ces enjeux et on établit un diagnostic du territoire qui permet de choisir ensuite des orientations pour le territoire et d'établir un programme d'action. »

L’objectif

Maïwenn Rochard, Chargée de mission PTGE, bassin Allier aval - Établissement Public Loire
« L'intérêt, c'est de rassembler un territoire autour d'une problématique commune, construire une vision politique commune du territoire, sur cette question de la gestion quantitative. »

Aymeric Dupont, Chargé de mission planification - Agence de l’eau de l'eau Loire-Bretagne
« L'objectif du PTG, c'est d'anticiper et de mettre en place des actions pour justement économiser l'eau, assurer une certaine sobriété des usages et puis faire en sorte que la ressource soit quand même partagée. La mission de l'Agence, c'est déjà de favoriser la reconquête du bon état des eaux. Et si on n'a pas suffisamment d'eau dans les milieux, déjà, on peut avoir des problématiques de qualité, mais aussi des problématiques de fonctionnement des milieux.
Et la mission de l'Agence, c'est de reconquérir cette qualité et ce bon fonctionnement des milieux, en passant par une maîtrise des prélèvements et un partage de l'eau. »

La concertation

Maïwenn Rochard, Chargée de mission PTGE, bassin Allier aval - Établissement Public Loire
« On a des techniciens, des élus, on a tout le monde qui est invité à la concertation et à la
co-construction, la profession agricole, la profession industrielle, les défenseurs de l'environnement. Donc, en fait, ils ont l'expérience de leurs territoires et ils peuvent apporter aussi leur expérience pour nourrir le PTGE. »

Aymeric Dupont, Chargé de mission planification - Agence de l’eau de l'eau Loire-Bretagne
« C'est un projet qui vient finalement des acteurs du territoire. Sans concertation, ça ne fonctionnera pas. »

Benoît Rossignol, Directeur ressource en eau - Établissement Public Loire
« Et la concertation est propre à chaque territoire. Donc on laisse chaque territoire se prendre en main et décider ce qu'il souhaite. »

Maïwenn Rochard, Chargée de mission PTGE, bassin Allier aval - Établissement Public Loire
« Si ça ne vient pas du territoire, ce ne sera pas accepté, ce ne sera pas financé, ce ne sera pas porté. »

Benoît Rossignol, Directeur ressource en eau - Établissement Public Loire
« Et donc il est important de les associer tous pour ce qu'ils sont capables d'apporter dans cette discussion-là, en termes de décisions, d'avis, d'expertise, d'enjeux et qui vont permettre une décision commune et durable. »

La mise en œuvre

Aymeric Dupont, Chargé de mission planification - Agence de l’eau de l'eau Loire-Bretagne
« Sur une démarche de projet territorial pour la gestion de l'eau avec une anticipation des changements climatiques : on est dans une démarche nouvelle. »

Maïwenn Rochard, Chargée de mission PTGE, bassin Allier aval - Établissement Public Loire
« Comme toute nouvelle démarche aussi, il y a des réticences, il y a des interrogations de la part des acteurs du territoire. C'est pour ça qu'on essaie de faire des réunions comme ça pour sensibiliser et montrer en quoi ça consiste et engager déjà la démarche de co-construction en intégrant les remarques des acteurs dans toute l'élaboration du projet.

L'idée, c'est de ne pas arriver à cette situation de tensions et de conflits entre les usagers et de la prendre en main, tant qu'on est justement en situation plus calme, on va dire.»

Benoît Rossignol, Directeur ressource en eau - Établissement Public Loire
« Le message, c'est que la ressource est limitée et donc il faut s'organiser pour utiliser au mieux cette ressource limitée pour satisfaire tous les usages et les besoins des milieux aquatiques également. »

Aymeric Dupont, Chargé de mission planification - Agence de l’eau de l'eau Loire-Bretagne
« C'est un gros challenge parce que la démarche est compliquée. Mais je suis optimiste parce que sur le territoire, les acteurs sont compétents, sont de plus en plus sensibilisés et prennent la mesure du changement climatique. Donc on est tous autour de la table et on pourra avancer. »

Repères Gestion quantitative - janvier 2023

Sèvre-Niortaise-Mignon, est le premier projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) approuvé du bassin Loire-Bretagne.

Cinq territoires, en zones de répartition des eaux, sont engagés dans une démarche de projet de territoire pour la gestion de l’eau : Curé (17), Clain (86) et l'Autize (85) sont en cours de révision, le Cher (18) en élaboration et le le Thouet-Thouaret- Argenton (79,49) en émergence.

Neuf autres territoires, partiellement en tension, s'engagent dans ces démarches de PTGE : Layon-Aubance-Louets (49), Boulogne-Ognon et Lac de Grand Lieu (44-85), Vie et Jaunay (85), Auzance-Vertonne et cours d'eau côtiers (85) devraient aboutir d'ici 2023-2024. Ceux de la Sarthe Aval (49-53-72), de l'Èvre-Thau-Saint-Denis (49), de l'Allier-Aval (03-63) et Loire (42) sont en élaboration.

Le contrat territorial de gestion quantitative, un programme coordonné d'actions

Dans les zones de répartition des eaux où le déséquilibre entre ressource en eau et usage est marqué, l’agence de l’eau Loire-Bretagne propose aux acteurs locaux de signer un contrat territorial de gestion quantitative. Ces acteurs s’engagent à mettre en œuvre un ensemble de solutions pour être plus résilient face au changement climatique et bénéficient d’aides financières de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

Il s’agit, par exemple pour les agriculteurs, d'améliorer l’efficience des apports, de réduire les prélèvements pour l'irrigation en modifiant les pratiques agricoles  (choix de cultures économes en eau, agroforesterie…) et/ou les systèmes de production. L’agence finance les diagnostics individuels d’exploitation, les opérations de conseils collectif et individuel, les expérimentations et  démonstrations et la création de réserves de substitution pour l’irrigation.

Autant d’actions mises en place dans le contrat Sèvre Niortaise-Mignon comme en témoigne Denis Mousseau, agriculteur dans les Deux-Sèvres.

La gestion d'une nappe stratégique pour l’eau potable

La nappe phréatique du Cénomanien, classée en zone de répartition des eaux (ZRE), est captive sur une bonne partie de son périmètre. Elle s’étend sur une part importante du secteur sédimentaire du bassin Loire-Bretagne. Son renouvellement très lent, sa protection naturelle contre la pollution et son caractère stratégique pour l’alimentation en eau potable dans sa zone centrale ont nécessité la mise en place d’un comité de gestion.

Ce comité suit les évolutions de la hauteur de la nappe. Il fait réaliser des modélisations pour permettre de programmer des actions visant à mieux gérer cette nappe. L’alimentation en eau potable des collectivités est l’usage privilégié vis-à-vis des besoins économiques et agricoles.

Dans certains secteurs, il préconise de remplacer les prélèvements dans cet aquifère par un prélèvement dans un aquifère superficiel, au-dessus. Cet aquifère est plus sensible aux pollutions, donc à protéger. L’agence de l'eau Loire-Bretagne finance ces substitutions, comme pour tous les prélèvements dans les nappes du bassin classées en zone de répartition des eaux (ZRE).

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