Micropolluants, vous connaissez ?
De nombreuses substances organiques ou minérales sont présentes dans les produits que nous utilisons chaque jour. Cependant, elles peuvent avoir à long terme un effet néfaste pour la santé et la qualité de nos rivières. D’où viennent-elles, comment les réduire ou les éviter… ?
Les micropolluants, des substances synthétiques qui nous entourent
Détergents, autres produits ménagers, pharmaceutiques, cosmétiques..., nous les utilisons au quotidien et, selon leur usage, ils sont évacués avec les eaux de lavage par l’évier, les salles de bains et les toilettes.
Malheureusement les stations d’épuration ont du mal à les épurer car non conçues pour cela à l’origine. Ils y arrivent par les canalisations mais aussi via l’atmosphère et par ruissellement sur le sol. En plus des produits utilisés à la maison, d’autres micropolluants s’ajoutent : métaux lourds (mercure, plomb...), hydrocarbures, solvants, pesticides, biocides. Ils sont issus de l’industrie, de l’artisanat, de l’agriculture, des produits manufacturés importés…
Ces milliers de substances se retrouvent ensuite dans les eaux des rivières et les eaux souterraines qui sont utilisées pour produire de l’eau potable. Ces substances sont présentes à de très faibles concentrations (de l’ordre du microgramme par litre voire du nanogramme par litre), c’est pourquoi on les appelle des micropolluants. Pour avoir un ordre de grandeur, cela peut représenter un sucre dans une piscine olympique.
Micropolluants - Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ?
Description de l'infographie « Micropolluants - Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? »
© Les agences de l'eau
Plus de 110 000 molécules présentant des propriétés chimiques différentes sont recensées par la règlementation européenne.
Les pesticides - fabrication des engrais, production agricole, usages domestiques
Les résidus médicamenteux - usages domestiques, hospitaliers, vétérinaires
Activités industrielles et artisanales :
- Les métaux lourds - métallurgie, industrie automobile, transports
- Les polluants organiques - industrie chimique, fabrication et rinçage des peintures - production de plastiques- agents de nettoyage
- Les hydrocarbures - combustion pour la production de chaleur dans les usines, solvants utilisés dans divers process industriels, transports
Micro mais costaud
Hypertophie des gonades d'un Goujeon (Gobio gobio)
novembre 2010
© Ineris
Les micropolluants peuvent avoir des effets délétères à de très faibles concentrations, à court ou long terme, notamment sur la reproduction des animaux aquatiques et des humains mais aussi sur les fonctions physiologiques, nerveuses et du système endocrinien.
Leurs effets néfastes ne sont pas perceptibles immédiatement. Ils peuvent avoir des conséquences irréversibles sur les êtres vivants, persister longtemps dans la nature et impacter des populations sur le long terme.
Chacun peut avoir des effets néfastes mais il en est de même pour leurs produits de dégradation. De plus, des interactions peuvent intervenir et renforcer leurs effets respectifs : on parle alors d’effet cocktail.
© Les agences de l'eau
Les micropolluants sont présents dans tous les maillons de la chaîne alimentaire. Chaque prédateur accumule ceux présents dans ses proies. Les concentrations en micropolluants augmentent d’un bout à l’autre de la chaîne. Au final, les effets sur la santé humaine peuvent être importants : réduction des défenses immunitaires, augmentation du nombre de cancers chez les enfants, apparition de malformations génitales et de puberté précoce, difficultés de procréation pour les jeunes générations...
Aujourd’hui, les méthodes analytiques évoluant, on peut ajouter à la longue liste de ces polluants les nanoparticules, les radionucléides, les nano et microplastiques et microfibres. Non seulement la taille de ces éléments les rend invisibles mais en plus d’être des micropolluants de par leur nature chimique, ils peuvent servir de support pour d’autres micropolluants qui pénètreront ainsi dans les organismes.
Au quotidien, comment les éviter ?
Au quotidien, nous pouvons réduire l'utilisation à la source des micropolluants, c’est-à-dire limiter l’utilisation de produits contenant des micropolluants. Nous pouvons aussi choisir des produits plus naturels, tout en dosant au plus juste.
Un plan national d’action
Jusqu’en 2016, certaines situations de crise et la multiplicité des molécules ont conduit les pouvoirs publics à organiser leurs actions autour de trois plans nationaux :
- le plan national de lutte contre les polychlorobiphényles (PCB),
- le plan national sur les micropolluants,
- le plan national sur les résidus de médicaments.
Le deuxième plan micropolluants 2016-2021 a pour vocation d’intégrer toutes les molécules susceptibles de polluer les ressources en eau et de limiter l’apport de polluants via les cours d’eau au milieu marin. Il contribue à répondre aux objectifs de bon état des eaux fixés par la directive cadre sur l’eau (DCE) et participe à ceux de la directive cadre stratégie milieu marin (DCSMM) .
Des actions sont parfois communes ou en lien avec d’autres plans majeurs :
- le plan national Santé Environnement - Le 4e plan « Un environnement, une santé » propose des actions concrètes de 2021 à 2025,
- la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens 2019-2022.