Entretien avec F. Poirier, nouveau président de la commission programme Loire-Bretagne

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Qualité et quantité de l'eau : enjeux et défis. Entretien avc Frédy Poirier, vice-président de Grand Poitiers communauté urbaine, maire de Cloué (86) et nouveau président de la commission programme du comité de bassin Loire-Bretagne.

septembre 2025

© Agence de l'eau Loire-Bretagne / Une image à part

Quantité, qualité de l’eau : les enjeux et défis
 

Interview de Frédy Poirier
Président de la Commission programme du Comité de bassin Loire-Bretagne


Frédy Poirier - Président de la Commission programme du Comité de bassin Loire-Bretagne :

« J'ai 50 ans. Je suis originaire d'une famille agricole du Maine-et-Loire. J’ai évolué dans le réseau Cuma une partie de ma vie professionnelle.

Je suis formateur dans un CFA sur des questions agroécologiques, maire de Cloué depuis 2008, Vice-Président à la Communauté urbaine de Grand Poitiers, sur les sujets agricoles et alimentaires, avec une délégation sur la GEMAPI gestion de l'eau, milieux aquatiques et prévention des inondations.

Je suis président de la Commission programme depuis la mi-juillet et depuis quelques années dans les institutions, comité de bassin, et conseil d'administration de l'agence de l'eau. »

Pourquoi votre engagement ?

« Certainement à la fois par rapport à mes origines agricoles où l'irrigation était présente.
Ensuite, au niveau de mes formations orientées sur l'agronomie. Et puis très rapidement, dans mes délégations, je suis allé sur les rivières et ensuite à Grand Poitiers sur la délégation GEMAPI. »

Quel est le rôle de l’agence dans les territoires ?

« Pour moi, l'agence de l'eau est un outil extraordinaire pour accompagner les territoires. Il y a de l'expertise, une vue suffisamment macro des questions de l'eau pour avoir une bonne compréhension des projets portés par les différents acteurs.

On permet à tous les usagers de l'eau d'avoir une expression dans le respect, dans la compréhension, dans l'écoute. »

Eau et climat : quels défis pour les territoires ?

« On ne pourra pas passer à côté de la question du grand cycle de l'eau.

Il faut qu'on arrive à mobiliser des projets multi-acteurs qui croisent une diversité d'enjeux. Si on veut être efficient et impactant sur la ressource, on doit avoir cette typologie de projets. »

Enjeux agricoles du bassin : quels défis ?

« On ne pourra pas faire abstraction de l'historique agricole. L’agriculture a aussi grandi avec les questions de l'eau. Pour autant, il faut, là encore, qu'on raisonne sur un volet un peu plus systémique et qu'on parle de filières.

Parce que les filières nous permettent d'aller chercher les agriculteurs évidemment, mais on va chercher tous les acteurs périphériques, en amont et en aval de l'agriculture et on va chercher des consommateurs.

Le chanvre qui est travaillé, par exemple à l'échelle de Grand Poitiers, mais aussi à l'échelle de la Nouvelle-Aquitaine, c'est de faire le pari qu'avec une culture, on peut aller mobiliser des agriculteurs et des producteurs d'eau potable. On va chercher l'alimentation, on va chercher les opérateurs de la construction. On est sur une démarche vertueuse.

On a d'autres leviers. On peut parler du miscanthus, de la valorisation du bois bocager, détailler de courtes rotations qui sont en lien direct avec les politiques publiques et notamment le champ énergétique. »

Quantité et qualité de l’eau, quels leviers prioritaires l’agriculture ?

« Dans tous nos territoires, on a des groupes d'agriculteurs qui expérimentent, qui se trompent, qui recommencent, qui font évoluer leur système, qui sont en avance et qui innovent.

Ils ont déjà expérimenté des nouvelles cultures, ils sont en avance sur les plantations des couverts végétaux. On doit les accompagner, on doit accompagner l'innovation parce que c'est aussi avec ces groupes-là qu'on arrivera à trouver des solutions. »

Quels défis pour les territoires ruraux et urbains ?

« On a un vrai sujet autour de la déprise agricole en matière d'élevage. Si on perd trop d'élevage, ça veut dire qu'on va perdre de la prairie. Et si on perd de la prairie, on va retrouver de la remise en culture.

On prend un vrai risque sur notre capacité à faire de l'eau potable sur un temps un peu plus long. Second point, sur le volet purement financier. On doit continuer à distribuer de l'eau potable, mais en même temps, on doit dédier une partie des financements au renouvellement de réseaux.

Si on a un écueil sur la question de la qualité, on ne pourra pas répondre suffisamment au renouvellement de réseaux.

Une partie des actions vont se porter sur les territoires ruraux au bénéfice des consommateurs d'eau potable dans les zones urbaines, et donc, si on scinde ces deux typologies de territoires, on sera dans l'erreur. Et donc il faut que la solidarité reste au cœur du dispositif. »

2026 : quels grands chantiers pour la Commission programme ?

« On a les élections municipales au mois de mars, ça veut donc dire que les élus vont bouger potentiellement.

L'autre élément, c'est qu'on vient tout juste de revoir le cadre des redevances. Je ne suis pas sûr que ce soit approprié de revenir sur ce sujet- là, d'autant qu'on sera dans un cadre de réserve électoral. Ça ne veut pas dire pour autant qu'il n'y aura pas des sujets importants à traiter. La question des PSE avec les services écosystémiques, la question du volet quantitatif avec les études HMUC et les PTGE.

Et puis on a la question de la réutilisation, un sujet complexe qu’on doit prendre le temps d'aborder et de comprendre. »

Un message aux acteurs du bassin Loire-Bretagne ?

« On doit gérer les usages d'hier avec les questions du changement climatique. Si on mobilise l'ensemble des acteurs, on aura beaucoup plus de chance et beaucoup plus de force. On sera plus cohérent sur les territoires pour agir en faveur des masses d'eau.

Et pour répondre aux enjeux de l'eau, tous les acteurs doivent se mobiliser. Nous le devons à nos enfants. »