11e programme : Interview de Martin Gutton au carrefour des gestions locales de l’eau à Rennes
Vidéo - 11e programme : Interview de Martin Gutton au carrefour des gestions locales de l’eau à Rennes
11e programme : Interview de Martin Gutton, directeur général de l'agence de l’eau Loire-Bretagne au 19ème carrefour des gestions locales de l’eau
Description longue de la vidéo
janvier 2018
© IDEAL Connaissances
Denis Cheissoux : Martin Gutton, directeur général de l’agence de l'eau Loire-Bretagne. Alors nous avons un onzième programme qui sera quand même un petit peu différent du dixième ne serait-ce que financièrement.
Martin Gutton : Oui le onzième programme sera plus resserré que le dixième programme. Une maquette financière réduite d'à peu près 25%. Ce qui nous oblige à faire des choix. Donc il faut qu'à la fois, nous investissions de nouveaux champs de responsabilité notamment sur la biodiversité et le milieu marin. Et puis, il faut que l'on sache arrêter un certain nombre de dispositifs dont l'effet sur la qualité des milieux est insuffisant.
Denis Cheissoux : Alors est ce que malgré tout la qualité des eaux, qui est quand même extrêmement importante, les zones humides, est ce que ça va être, on va dire, un peu sur le dessus de la pile ? Parce qu'il y a peut-être des choix à faire, entre on va dire, le petit cycle de l'eau et le grand cycle de l'eau.
Martin Gutton : Alors faire des choix c'est en effet renoncer. La gouvernance de l'agence de l'eau s'appuie sur de nombreux acteurs et usagers de l'eau. Il faut qu'on arrive à faire émerger un programme partagé par tous les acteurs. Qu'ils sachent en effet à la fois mettre en avant la reconquête de la qualité de l'eau et des milieux aquatiques. Parce que la qualité de l'eau ce n'est pas que l'eau, mais Denis Cheissoux le sait bien. C'est aussi les milieux aquatiques, c'est le fonctionnement de nos cours d'eau, c'est les zones humides. Donc évidemment les milieux jouent un rôle absolument central, essentiel, dans la qualité de l'eau et également dans l'adaptation au changement climatique, qui est également une priorité de l'agence de l'eau.
Denis Cheissoux : Alors à la fois c'est vrai 25% de moins, à côté de ça il reste quand même de l'argent pour quand même réalisé des choses.
Martin Gutton : 75%, Denis, il reste 75 % des crédits. Oui, il reste de l'argent pour faire un certain nombre d'actions, certes. Un budget plus important pouvait aussi nous permettre de mener un petit peu plus d'action notamment sur des sujets où on a besoin d'accompagner les collectivités locales qui sont-elles mêmes dans une situation financière un petit peu tendu. Pour autant, c'est ce que je dis à mes équipes moins d'argent ça oblige à être plus sélectifs, d'introduire de la conditionnalité dans nos aides, inviter les acteurs à aller sur des champs peut être qui pour eux étaient moins prioritaires, donc c'est un challenge. C'est aussi des nouvelles compétences pour les agents de l'agence de l'eau. Il faut savoir négocier, il faut savoir discuter, il faut savoir convaincre. Donc on va les accompagner dans cette démarche.
Denis Cheissoux : Il y a quand même cette adaptation au réchauffement climatique qui est fondamental. Je vais presque dire que c'est une espèce de chapeau au-dessus de toutes les activités. Donc là aussi vous accompagnez cette adaptation.
Martin Gutton : Nicolas Hulot nous demande de mettre en effet l'adaptation aux changements climatiques sur le haut de la pile pour reprendre l'expression de tout à l'heure. Donc, c'est le haut de la pile, en réalité, c’est présent dans toutes nos actions. La plupart des actions de l'agence de l'eau en une dimension adaptation au changement climatique. Quand on travaille sur une station d'épuration le rejet est dimensionné en fonction de la capacité du milieu à accueillir le reste de la pollution. Si il y a moins d'eau dans la rivière il faut à nouveau retravailler sur l'assainissement pour réduire encore le flux polluants. On a parlé des zones humides, les zones humides sont des éponges qui jouent un rôle essentiel à la fois pour stocker l'eau en période d'inondation et restituer en période d'étiage. C'est à nouveau de l'adaptation au changement climatique. Je crois qu'il n’y a pas beaucoup de sujets que traite l'agence de l'eau qui ne concerne pas l'adaptation au changement climatique.
Denis Cheissoux : Martin Gutton cette affaire d’eau, c’est bien sûr un problème on va dire technique avec des ingénieurs, mais ça ça peut se résoudre. Je vais presque dire c’est un domaine psychologique, c'est presque aussi des sciences humaines. Comment fait-on pour que les gens aient de l'appétence pour ce sujet qui va grandir quand même dans la société aujourd'hui.
Martin Gutton : Alors l'appétence, oui, l'appétence. Alors l'appétence jusqu'à présent, notre condiment c'était la subvention. Ce qui attirait le maître d'ouvrage c'était des taux de subvention élevé. Il faut trouver d'autres ressorts. Je crois qu'à l'agence de l'eau on est extrêmement convaincu qu’il n’y a pas que les sciences dures. Il y a en effet les sciences molles, les sciences humaines. Je parlais tout à l'heure de négociations, j'aurais pu parler de pédagogie, d'éducation à l'environnement. Ça fait partie aussi des missions de l'agence de l'eau et nous accompagnons également tous ceux qui auprès des maîtres d'ouvrage les accompagnent en termes de connaissance, de suivi d'opérations, de capacité à négocier à progresser a expliqué aux populations les enjeux de la reconquête de la qualité de l'eau et des milieux aquatiques. Donc c'est sûrement un élément central du onzième programme d'intervention de l'agence de l'eau Loire-Bretagne