Pélobateland : Zones humides, biodiversité et gestion durable, un partenariat gagnant-gagnant

Vidéo - Pélobateland : Zones humides, biodiversité et gestion durable, un partenariat gagnant-gagnant

Un partenariat gagnant-gagnant - Lailly-en-Val (Loiret)

mars 2024

© Une image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

PélobateLand - Zones humides, biodiversité et gestion durable

Un partenariat gagnant-gagnant à Lailly-en-Val (Loiret)

Voix Off :
Ce drôle de coassement, c’est le chant du Pélobate Brun, un amphibien, l’un des plus menacés en France, très difficile à observer, même pour un expert.

Kévin Billard - Chargé d’études - Loiret Nature Environnement :
« C’est un amphibien qui est très discret, il ne s’entend seulement qu’à quelques mètres.
Il chante sous l'eau, en surface, on ne l'entend pas. On les écoute pour savoir où ils se reproduisent. Ici, on peut estimer la population, à peu près, à une centaine d'individus adultes. Ce qui fait quasiment la population la plus dense de France pour cette espèce. »

Voix Off :
Au printemps, l’une des missions de Kévin, c’est donc de réaliser des inventaires naturalistes, observer, enregistrer, et recenser les amphibiens de cette zone humide.

David Brunet - Chargé d’interventions spécialisé, Grand cycle de l’eau et milieux aquatiques - Agence de l’eau Loire-Bretagne :
« Salut Kevin, comment ça se passe ? »

Kévin Billard :
« Très bien, il y a un pélobate qui chante en ce moment. Tu veux l’écouter ? »

David Brunet :
« Super, incroyable ! Quelle chance de pouvoir écouter le pélobate en période de reproduction.
On est dans un site exceptionnel, des mares historiques, qui abritent des espèces d'amphibiens extrêmement rares. »

Kévin Billard :
« Si le pélobate se reproduit dans une mare, s'il chante dans une mare, ça veut dire que la mare est fonctionnelle. »

David Brunet :
« Voir que la population pélobate semble se maintenir, voire augmenter, démontre globalement que les travaux qui sont faits sont plutôt efficaces. »

Voix Off :
Ici, en Sologne, à 20 kilomètres au sud d’Orléans, le Conservatoire d’Espaces Naturels du Centre-Val de Loire a acheté cette zone humide de 80 hectares, en 2018.
Avec un objectif : restaurer et gérer 23 mares historiques, pour augmenter les habitats, et suivre l’évolution des populations d’amphibiens.

Stéphane Hippolyte - Écologue, expert agro-environnement - Conservatoire d'Espaces Naturels Centre-Val de Loire :
« On avait des mares qui étaient en train de se fermer et de s'assécher et donc qui ne remplissaient plus leur rôle de zone de reproduction pour l’amphibien. L'objectif était donc de recréer un maximum de mares de différentes tailles, de différentes profondeurs, des niches écologiques pour augmenter les zones de reproduction des amphibiens. »

David Brunet :
« L'objectif, c'est de montrer que sur une biodiversité remarquable, on arrive à concilier la préservation, la renaturation des mares, la préservation de la biodiversité, tout en maintenant également des usages économiques. Et donc là, le CEN s'est associé avec un agriculteur bio.»

Voix Off :
Dans le périmètre de cette zone humide, à proximité de la Loire, Jean-Pierre Piganiol, est éleveur de moutons, et producteur de cultures bio sur 110 hectares.
Il assure une gestion durable du site, économiquement viable et respectueuse de la biodiversité

Jean-Pierre Piganiol - Agriculteur Bio :
« Pour éviter que les nitrates partent dans le sol, on met des plantes qui vont absorber ces nitrates et au lieu de venir broyer et détruire les plantes de manière mécanique, on utilise les moutons. Donc ils mangent directement les plantes et en même temps ils laissent un amendement qui va être super pour la culture suivante.

Ce sont des pois. C'est une plante qui prend l'azote de l'air et qui les restitue au sol. Donc pas besoin d'engrais. On a du colza, des lentilles, on a du chanvre, on a du blé, des cultures qui sont moins gourmandes en eau pour mieux s'adapter au changement climatique. »

Stéphane Hippolyte :
« Le partenariat, il est gagnant-gagnant. On a une personne qui comprend les enjeux. On peut avoir une productivité agricole en bio, viable et pérenne, tout en associant une maximalisation de la biodiversité remarquable sur un site. »

Voix Off :
Ce chantier de renaturation des mares, de préservation des espèces a duré 2 ans, co-financé notamment par le Conservatoire d’Espaces Naturels, et l’Agence de l’eau Loire-Bretagne.

David Brunet :
« Sur ce projet-là, l'Agence de l'eau a financé à 70 % les acquisitions et on finance toutes les autres actions à 50 %. »

Le bilan

Kévin Billard :
« Le constat qu'on fait, c'est que les amphibiens se reproduisent toujours dans la mare. Il y a de plus en plus d'espèces, de plus en plus d'individus et la présence de têtards et la présence de larves, c'est une preuve de reproduction et c'est la preuve ultime que la restauration a fonctionné. »

David Brunet :
« On arrive à s'inscrire dans quelque chose de durable sans mettre le site sous cloche. Donc ça, c'est extrêmement intéressant. Et donc il faut espérer qu'avec le réchauffement climatique, tous les aménagements qui seront faits rendront le site encore plus résilient dans les années à venir pour préserver cette biodiversité remarquable.»

Jean-Pierre Piganiol :
« Il y a plein de moucherons qui nous tournent autour. On est en bio, il y a des animaux, il y a des moucherons, voilà. »

Les perspectives

Stéphane Hippolyte :
« On a un terrain de jeu d'environ 150 hectares autour du site, avec des mares qui sont connectables avec nos travaux, connectables aussi à pattes d'amphibiens. Sur une quinzaine de mares, on va demander aux propriétaires une convention de gestion pour pouvoir ensuite mettre en œuvre les actions mises en place ici. »

David Brunet :
« Ces zones humides ont un enjeu extrêmement important dans le grand cycle de l'eau, un rôle de régulateur. Ça veut dire qu'elles vont stocker l'eau lorsqu'elle est abondante, la restituer sur des périodes où il y a moins d'eau. Elles ont un rôle d'éponge, diminuent la vulnérabilité aux inondations. Donc ça, c'est extrêmement important de multiplier, sur une entrée quantité d'eau, qualité d'eau et bien sûr biodiversité pour pouvoir mieux s'adapter au réchauffement climatique. »

Voix Off :
En France depuis 70 ans, près de 70 % des zones humides ont disparu.

Stéphane Hippolyte :
« Dit donc, David, c’était une très bonne idée de faire ce petit film sur les zones humides à Pélobate. »

David Brunet :
« Tu sais, Stéphane, les zones humides, c'est un enjeu essentiel pour la qualité de l'eau, donc c'est extrêmement important. Il faut mouiller la chemise sur ces sujets-là.»

Stéphane Hippolyte :
« Et d'ailleurs, est-ce que tu ne penses pas qu'on a mouillé la chemise un petit peu trop sur ce coup-là ? »

David Brunet :
« Effectivement. »