Enjeu 1 : Pour des milieux aquatiques fonctionnels

Agir pour la résilience des milieux aquatiques et la biodiversité associée : le 12e programme poursuit son accompagnement à la restauration et la préservation des cours d'eau des milieux humides et marins et de la biodiversité associée en privilégiant des solutions fondées sur la nature. De plus, elle renforce son intervention sur les actions en faveur de l'aménagement des bassins versants pour limiter la dégradation des milieux. L'ensemble de ces actions vise le bon fonctionnement écologique et hydrologique, le piégeage du carbone la protection contre l'érosion des sols autant de services écosystémiques rendus participant à l'atténuation et à l'adaptation au dérèglement climatique.

Stéphanie Blanquart

© Jean-Louis Aubert

Stéphanie Blanquart, directrice adjointe à la délégation Poitou-Limousin

L’artificialisation des cours d’eau et des milieux littoraux a modifié les caractéristiques physiques et a perturbé durablement l’équilibre et leurs écosystèmes. Aujourd’hui sur le bassin Loire-Bretagne, 76 % des masses d’eau « cours d’eau », 135 000 kilomètres, présentent un risque lié aux pressions sur la morphologie, la continuité et l’hydrologie.
L’agence de l’eau fixe pour objectif ambitieux d’atteindre le bon état écologique d’au moins 61 % des masses d’eau. »

Et concrètement, notre ambition c’est  :

  • 900 kilomètres de cours d’eau restaurés par an
  • 150 obstacles prioritaires restaurés par an pour permettre la continuité écologique
  • 80 % de la surface du bassin couverte par des inventaires milieux humides
  • 2 100 hectares par an de milieux humides restaurés
  • Acquisition de 500 hectares par an de milieux humides
  • Un gain net du linéaire de haie de 500 kilomètres plantés au cours du 12e programme d’intervention

Ces chiffres seront soumis à la validation du conseil d'administration et du comité de bassin Loire-Bretagne le 15 octobre 2024.

Comment répondre à cet enjeu ?

  • Restaurer la qualité et les fonctionnalites des cours d’eau : restaurer l’hydromorphologie des cours d’eau et la continuité écologique
  • Préserver et restaurer les fonctionnalites des milieux humides
  • Preserver et restaurer la biodiversite inféodée aux milieux aquatiques, humides et marins
  • Aménager les bassins versants

Exemple d'initiative

Restauration de l'Ouin et de ses zones humides à la Petite-Boissière

Vidéo - Restauration de l'Ouin et de ses zones humides à la Petite-Boissière

octobre 2023

© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Établissement public territorial du bassin de la Sèvre Nantaise pour la restauration et la valorisation de l’Ouin et de ses zones humides - La Petite-Boissière (Deux-Sèvres) - Mention spéciale « Changement climatiques »

[Musique]

Voix-off :
Au Nord-Ouest des Deux-Sèvres, la Petite-Boissière est une zone de polyculture et d'élevage baignée de cours d'eau, au cœur de prairies humides. Dans les années 80, sur le bassin versant de l'Ouin, le plus petit affluent de la Sèvre Nantaise, 34 kilomètres, les cours d'eau ont été rectifiés, recalibrés notamment pour le drainage agricole.

Anthony Thomas, Ingénieur - Établissement Public Territorial du Bassin de la Sèvre Nantaise
« Les connexions, notamment entre le cours d'eau et les milieux humides, étaient très dégradées, ça impacte la biodiversité. Et ça peut également participer à une forme d'assèchement des terrains autour. »

Voix-off :
Alors, en 2021, un chantier a été lancé sur plus de douze hectares pour restaurer l’Ouin et les zones humides.

Avec quelles actions ?

Voix-off :
Premier chantier, réduire et rehausser le lit de l’Ouin sur 500 mètres, avec un objectif, restaurer des habitats aquatiques et humides.

Muriel Ribeyrolles, Technicienne - Établissement public territorial du bassin de la Sèvre Nantaise
« Avant ça mesurait 3 mètres et maintenant 1 mètre 50, il y a une banquette qui a été créée, qui part de là-bas où on voit les premiers branchages, les limons viennent se piéger dedans. »

Nathalie Fricaud, Chargée d'interventions milieux aquatiques et biodiversité - Agence de l’eau Loire Bretagne
« Redimensionner le cours d'eau comme ça, permet une meilleure oxygénation. Ça va aider à une meilleure qualité physico-chimique. On va réalimenter les zones humides attenantes. »

Voix-off :
Sur les zones humides, un gros travail de terrassement, a été effectué avant la création d'un boisement spécifique.

Muriel Ribeyrolles, Technicienne - Établissement public territorial du bassin de la Sèvre Nantaise
« Donc ici, on était sur une zone humide à joncs diffus, monospécifique. Et nous, on a diversifié la zone humide pour qu'elle joue pleinement son rôle de zone humide tampon, d'éponge qui va retenir l'eau et épurer l’eau. »

Voix-off :
Enfin, quatre mares ont été créés ou restaurées sur cette zone désormais ceinturée par plus d'un kilomètre de nouvelles clôtures et de haies bocagères.

La concertation

Voix-off :
Ce chantier, porté par l’EPTB Sèvre Nantaise, a été bâti avec les collectivités, les habitants et les agriculteurs. Antoine Pasquier est éleveur de bovins viande en bio, propriétaire exploitant, gestionnaire de ces nouvelles zones humides. Sur 100 hectares, 80 sont en prairies naturelles pour son troupeau de blondes d'Aquitaine.

Antoine Pasquier, Exploitant agricole - La Petite-Boissière (Deux-Sèvres)
« L'objectif du projet, c'est de garder l'eau sur le territoire et forcément, ça génère un microclimat qui est favorable pour la pousse de l'herbe. Ce sont des aménagements qui fonctionnent, il y a une grosse diversité, biodiversité qui se développent. Cette plus-value environnementale-là, je la retrouve dans la communication que je fais auprès des clients qui achètent ma viande en vente directe. »

Voix-off :
Après trois ans d'études, conception et concertation, les travaux ont duré quatre mois. Coût total du chantier : 132 000 €, co-financé à 50 % par l'agence de l'eau Loire-Bretagne, 20 % par l’EPTB Sèvre Nantaise, 20 % par la région Nouvelle-Aquitaine et 10 % par le conseil départemental des Deux-Sèvres.

Le bilan

Voix-off :
Deux ans après la fin du chantier, les zones humides sont alimentées. De nombreuses espèces ont réinvesti ruisseaux, mares et zones humides. Le campagnol amphibie, la loutre, 25 espèces de libellules et 130 espèces végétales ont été recensées.

Muriel Ribeyrolles, Technicienne - Établissement public territorial du bassin de la Sèvre Nantaise
« Il y a de la transparence. On voit les pierres, les herbiers aquatiques qui se sont développés. Les banquettes se sont bien végétalisées. »

Anthony Thomas, Ingénieur - Établissement public territorial du bassin de la Sèvre Nantaise
« On a des débordements qui se sont accentués sur la période hivernale. On a observé une restitution des zones humides vers le cours d'eau. Ce sont des choses intéressantes. »

Antoine Pasquier, Exploitant agricole - La Petite-Boissière (Deux-Sèvres)
« C'est encourageant. Et puis ça montre que l’on peut aussi avoir une agriculture qui développe la biodiversité. »
 
Nathalie Fricaud, Chargée d'interventions milieux aquatiques et biodiversité - Agence de l’eau Loire Bretagne
« Là, on peut montrer qu'il y a une conciliation facile et aisée entre la restauration des milieux et puis le maintien et le développement d'une activité économique. On s'est rendu compte que travailler sur les grands cours d'eau ne suffirait pas. La qualité et la quantité de l'eau se fait sur les petits cours d'eau, les chevelus. Donc maintenant, c'est un enjeu d'aller sur ces territoires de petits cours d'eau.
On est sur des Solutions Fondées sur la Nature et c'est ce vers quoi on doit tendre pour agir face au changement climatique. Donc ce type d'opération est à reproduire et à développer. »

Anthony Thomas, Ingénieur - Établissement public territorial du bassin de la Sèvre Nantaise
« Il faut nourrir de l'ambition par rapport à tout ça. Gardons l'eau sur nos territoires avec ce type d'aménagement naturel. »

Les perspectives

Voix-off :
En 2024, d'autres travaux de restauration de l’Ouin et de son bassin versant, en aval, vont être lancés. Une sensibilisation à l'environnement sera menée en parallèle sur le site, auprès des élus, des agriculteurs et des scolaires.

Jean-Paul Bregeon, Président - Établissement public territorial du bassin de la Sèvre Nantaise
« On ne va pas s'arrêter là. Ça sert d'exemple et ça va encore être reproduit un peu plus loin. Quand on fait de la qualité, on influe immédiatement sur la gestion quantitative aussi. On sait que ce qu'on fait est bon, on a la preuve qu'on réussit. Maintenant, ce qu'on souhaite, c'est pouvoir le reproduire à une échelle beaucoup plus vaste. »

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