La loi Oudin-Santini a 20 ans : zoom sur l'action internationale de l'agence de l'eau

Le 9 février 2025, la loi Oudin-Santini fête ses 20 ans. Depuis deux décennies, la loi Oudin-Santini permet aux agences de l'eau de consacrer jusqu'à 1% de leur budget à des actions de solidarité internationale dans les domaines de l'eau et de l'assainissement. L'agence de l'eau Loire-Bretagne s'est pleinement investie dans cette démarche, soutenant de nombreux projets visant à améliorer l'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans les pays en développement.

La loi Oudin-Santini : un cadre pour la solidarité internationale

Promulguée le 9 février 2005, la loi Oudin-Santini autorise les collectivités territoriales, les syndicats des eaux et les agences de l'eau à consacrer jusqu'à 1 % de leurs recettes à des actions de coopération internationale. L’objectif ? Contribuer à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement et au développement d’une gestion durable des ressources en eau à l’échelle mondiale.

L'agence de l’eau soutient les actions à l'international

L'agence de l'eau soutient activement les collectivités, les associations ou organisations non-gouvernementales du bassin Loire-Bretagne qui mettent en œuvre des opérations de solidarité internationale. Ces initiatives couvrent l’accès à l’eau potable, l’assainissement, l’hygiène ainsi que des actions pédagogiques ou de sensibilisation des populations locales sur la préservation et la protection de la ressource en eau.

Entre 2019 et 2024, dans le cadre de son 11e programme d’intervention, l’agence de l’eau Loire-Bretagne a soutenu 300 projets de coopération internationale, avec des aides financières versées représentant 18,5 millions d’euros.

En célébrant les 20 ans de la loi Oudin-Santini, l'agence de l'eau réaffirme son engagement en faveur de la solidarité internationale. En mobilisant une partie de ses ressources, l'agence de l'eau contribue activement à l'amélioration des conditions de vie dans les pays en développement, tout en renforçant les liens de coopération entre territoires.

Deux exemples d'action aidée

Raccordement à l'eau potable du village de pêcheurs de Tsifota-Ankasy - Madagascar

Vidéo - Raccordement à l'eau potable du village de pêcheurs de Tsifota-Ankasy - Madagascar

novembre 2023

© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Transmission Madagascar Développement pour le projet de raccordement à l’eau potable du village de pêcheurs de Tsifota-Ankasy - Lavau-sur-Loire (Loire-Atlantique)

Voix-off :
Dans le sud-ouest de Madagascar, une région aride et enclavée, la détresse hydrique et l'insécurité alimentaire sont chroniques. 15 % seulement des habitants ont accès à l'eau potable. Alors, depuis 1997, Trans-Mad’Développement, l'association implantée dans l'estuaire de la Loire, près de Saint-Nazaire, bâtit des projets sur la Grande île avec une expertise, l'accès à l'eau potable, à l'hygiène, à l'assainissement.

Mario Andriatoavina, 25 ans Malgache – Animateur ECSI (Éducation citoyenneté solidarité internationale) en service civique international en réciprocité - Trans-Mad’Développement
« Depuis que la crise écologique, en fait s'intensifie, ça génère pas mal de maladies, ça a gravement impacté la vie de la population dans le Sud. »

Frédéric Macquet, Directeur Trans-Mad’Développement
« L'eau, ce n'est pas simplement un besoin essentiel pour la vie, mais c'est aussi un levier de développement des communautés, développement sanitaire mais aussi développement économique. »

Voix-off :
« Apporteurs d'eau », c'est un chantier de raccordement, la construction d'un réseau d'eau potable pour les habitants de Tsifota, un village de pêcheurs sur le littoral Sud-Ouest du pays, à une centaine de kilomètres au nord de Tuléar.

Les actions

Voix-off :
Concrètement, l'eau est pompée directement en mer, elle transite d'abord par une station de désalinisation solaire qui produit 20 mètres cubes d'eau douce par jour, puis est stockée dans un château d'eau avant d'alimenter un réseau de distribution de 10,4 kilomètres.
Grâce à 10 kiosques collectifs et 40 branchements privés, 4 500 habitants de Tsifota ont aujourd'hui un accès direct à l'eau potable.

Frédéric Macquet,
« On a ces 4 500 villageois qui profitent de cet accès à une eau potable, mais dans toute la région, à 30 ou 40 kilomètres, les gens viennent à Tsifota pour acheter de l'eau potable à des prix très, très intéressants. »

La concertation

Voix-off :
Pour bâtir le projet, « Apporteurs d'eau à Tsifota », la concertation avec les habitants, les élus, les partenaires institutionnels a été déterminante. Aujourd'hui, c'est même une société locale qui gère l'eau et les infrastructures.
 
Yohann Dorner, Président de Trans-Mad’Développement - Adjoint au maire - Lavau-sur-Loire (Loire-Atlantique)
« Arriver dans un pays où ce ne sont pas les mêmes codes, il a fallu s'approprier en fait cette culture et ces codes-là pour pouvoir, entre guillemets, échanger avec eux et rentrer en confiance. Et le fait de garantir des projets de qualité nous permet, de garantir une confiance de la population envers nos projets et en même temps de poursuivre les actions. »

Voix-off :
Études, travaux, sensibilisation, formation, pour cette stratégie globale, Trans-Mad’Développement a offert ses services clés en main aux autorités locales. Le projet a coûté 257 000 €, financés à 50 % par l'agence de l'eau Loire-Bretagne.

Frédéric Macquet,
« C'est le financement levier. Sans lui, on ne mobilise pas les autres. C'est l'agence de l'eau, effectivement, qui est notre bailleur structurant sur ces projets. »

Hervé Gilliard, Chef de projet Relations internationales - Agence de l’eau Loire-Bretagne
« Ça répond parfaitement aux priorités de l'agence de l'eau Loire-Bretagne. On est sûr de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement sur un territoire où le taux d'accès, justement des populations est faible. Et aussi, Madagascar est une des priorités importantes de l'agence de l'eau. »

Voix-off :
Entre Madagascar et la France, sur les terres de l'association, une dynamique est également enclenchée. Mario, le jeune malgache en service civique, co-anime des ateliers de sensibilisation dans les écoles.

Mario Andriatoavina,
« Le premier message que l’on va véhiculer aux jeunes collégiens, c'est que, d’abord il faut qu’on fasse très attention à l'eau, et ensuite c'est de les initier à l'action de la solidarité internationale. »

Les perspectives

Frédéric Macquet,
« On est arrivé au bout de 4 projets avec l'agence de l'eau à avoir près de 70 000 usagers bénéficiaires des actions. On nous demande de monter en puissance, de monter en charge.

Mario Andriatoavina,
« La venue de Trans-Mad sur notre territoire, c'est bénéfique pour la population dans le Sud, parce qu’ils arrivent à satisfaire leurs besoins et en même temps, ils arrivent à générer une activité telle que l'agriculture.

Frédéric Macquet,
« Il y a certainement des recettes d'adaptation au Sud dont on peut s'inspirer au Nord, notamment sur ces questions de stress hydrique, de production et de distribution d'eau.  
 
Yohann Dorner,
« Ramener les problématiques sur notre territoire, c’est également sensibiliser nos habitants, c'est ouvrir des débats et une batterie d'actions pour pouvoir, en fait, être au cœur de la protection de la ressource en eau. »

Voix-off :
Depuis12 ans, l'implantation durable de Trans-Mad’Développement dans le Sud-Ouest de Madagascar a permis d'équiper cinq gros villages et d'améliorer les conditions de vie sanitaires, sociales, économiques de milliers d'habitants sur 300 kilomètres de littoral.

Images Madagascar – François Prud’homme pour Trans-Mad’Développement

Production d'eau potable par filtres à sable et la construction de latrines au Bangladesh

Vidéo - Production d'eau potable par filtres à sable et la construction de latrines au Bangladesh

Le comité de soutien du Cher (18) promeut les actions de l'association Gonoshastaya Kendra Savar au Bangladesh pour l'alimentation en eau de populations déshéritées.

© Une Image à part

Le Comité français de soutien du Cher (18) à GK Savar au Bangladesh pour la production d’eau potable par filtre à sable et construction de latrines

Voix-off :

En Asie du Sud, à l’Est de l’Inde, la plus grande partie du Bangladesh, est à moins de 12 mètres au-dessus du niveau de la mer. Au Sud, entre les canaux du delta du Gange et la plus grande forêt de mangroves du monde : les Sundarbans, l’une des régions les plus pauvres du pays. Balayée par les cyclones du golfe du Bengale, les fortes pluies, les inondations : l’eau est partout, mais elle n’est pas potable. Alors, pour améliorer la situation sanitaire, et les conditions de vie des habitants dans cette zone isolée, une ONG bangladaise, et son comité de soutien du Cher se sont mobilisés.

Le projet

Voix-off :

Depuis quarante ans, les 1 500 salariés de l’ONG GK Savar, pilotent des projets en faveur des plus démunis, autour de l’éducation, la promotion des femmes et la santé. Parce que le niveau de la mer monte, ici sur la côte, les sols et les nappes souterraines sont gorgés d’eau salée. Quant aux mares de proximité, seules sources d’eau douce, elles sont polluées et à sec en été.

Rajan MITRA, Ingénieur, ONG GK Savar
« De ce fait, la population utilise les eaux de pluie où l’eau stockée dans les mares. Les eaux des mares sont collectées et consommées par les familles. Or la présence de bactéries dans ces eaux provoque des maladies comme le choléra, les diarrhées… (etc). »

Voix-off :
L’ONG, avec les habitants, a donc construit, aménagé des filtres à sable...un équipement rustique, peu coûteux, et efficace.
L'eau pluviale, stockée dans les mares après la mousson, est filtrée pour devenir potable.

Kusi RANI, Bénéficiaire du projet
« Maintenant que nous buvons l’eau filtrée, nous ne sommes plus affectés par les maladies liées à l’eau. »

Rafiqul ISLAM, Président de la coopérative
« C’est aussi un bénéfice économique. Auparavant, nous dépensions beaucoup en médicaments à cause de ‘eau. »

Voix-off :
Pour bâtir le projet, l’ONG a travaillé avec les habitants.
Et aujourd’hui, des coopératives d’utilisateurs gèrent l’entretien des filtres à sable, indispensable pour assurer la pérennité de l’installation.

Docteur Manzour KADIR, Directeur général ONG GK Savar
« Le dispositif des Pond Sand Filters est relativement simple d’utilisation et robuste. Les populations peuvent manipuler et entretenir ces installations avec un minimum de formation. Le dispositif des filtres à sable est fiable et s’avère essentiel. »

Le rôle du comité de soutien du Cher

Voix-off :
Depuis 1972, le comité de soutien du Cher à GK Savar, collecte des fonds pour accompagner les projets de l’ONG bangladaise.

Marie-Noëlle LEJEUNE, Présidente du comité de soutien du Cher à GK Savar

« GK va détecter les endroits où un développement doit se faire, et monte un programme d’actions. Ils nous font des propositions, nous choisissons les actions que nous voulons soutenir. Et à ce moment-là, nous les accompagnons et nous cherchons un financement. »

Voix-off :
Les bénévoles assurent également le suivi des chantiers sur place. En France, ils partagent leurs expériences avec des collégiens, des lycéens, un travail pédagogique sur les projets et les conditions de vie des bangladais.

Paul CHOTARD, Vice-Président du comité de soutien du Cher à GK Savar
« On a, à la fois, la prise de conscience d’un phénomène mondial : l’élévation du niveau de la mer, qui a des conséquences sur la vie de tous les jours. Et d’autre part, un peuple courageux, qui cherche des solutions à ses problèmes et qui les met en œuvre. Faire passer ce message auprès des jeunes, c’est important. »

Le financement

Voix-off :

La construction de filtres à sable et de toilettes, a coûté 174 000 euros, des chantiers, co-financés par l’agence de l’eau Loire-Bretagne. Le soutien aux projets de coopération internationale, c’est l’une des missions de l’agence. Elle y consacre 1 % de ses ressources, pour garantir l’accès à l’eau au plus grand nombre, et assurer une gestion durable des ressources en eau.

Hervé GILLIARD, Chargé de mission international, Agence de l’eau Loire-Bretagne
« Les Nations Unies ont considéré que l’accès à l’eau et à l’assainissement, était un droit fondamental pour tous. Nous, au travers des aides que l’on apporte à des projets de solidarité internationale, on contribue à cet objectif-là. »

Le bilan

Voix-off :

Grâce à ce nouveau projet, accompagné par le comité du Cher, depuis 3 ans, 310 toilettes et 83 nouveaux filtres à sable ont été installés. Désormais, 3 500 familles, 16 000 habitants boivent une eau saine, potable, de proximité. Les maladies liées à l'eau ont disparu, et la consommation de médicaments a été divisée par 2.

Jacques LEJEUNE, Trésorier du comité de soutien du Cher à GK Savar
« C’est formidable de pouvoir participer au développement du pays bangladais. Les communautés qui sont voisines de celles où on a opéré, réclament le même équipement. »

Marie-Noëlle LEJEUNE, Présidente du comité de soutien du Cher à GK Savar
« C’est vraiment une question de survie pour des milliers de personnes.»

Paul CHOTARD, Vice-Président du comité de soutien du Cher à GK Savar

« Nous restons mobilisés. Il faut absolument équiper avec ces filtres, toute la côte du Bangladesh.»

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