Avec Fréquence Grenouille, les zones humides sous les projecteurs

Jusqu'au 31 mai 2025, l'opération annuelle Fréquence Grenouille revient pour une nouvelle édition dédiée à la sensibilisation et à la préservation des zones humides. Pilotée par les Conservatoires d'espaces naturels de France, cette initiative invite le public à découvrir et à agir pour la protection de ces écosystèmes précieux et menacés.

Ces milieux, pourtant essentiels, abritent une biodiversité extraordinaire et rendent de nombreux services écologiques, notamment la régulation des eaux et la filtration des polluants.

Des crapauducs aux sciences participatives : toutes les actions de Fréquence Grenouille

Pour cette édition 2025, les Conservatoires d'espaces naturels et leurs partenaires ont concocté un programme diversifié d'animations à travers toute la France :

  • Sorties terrain, de jour comme de nuit, pour observer la faune et la flore des zones humides.
  • Opérations de sauvetage d’amphibiens pour protéger les populations les plus vulnérables.
  • Aménagements tels que des crapauducs et des barrages temporaires pour faciliter la migration des amphibiens.
  • Suivi d’espèces, pour mieux comprendre les dynamiques des populations et adapter les mesures de conservation.
  • Initiatives de sciences participatives, pour impliquer les citoyens dans la collecte de données et la surveillance des milieux.
  • Chantiers de restauration de zones humides, en particulier de mares, pour améliorer la qualité des habitats.

L’agence de l’eau agit en faveur des zones humides et de la biodiversité

L'agence de l'eau Loire-Bretagne contribue à préserver les zones humides et la biodiversité en soutenant financièrement des actions pour préserver les lieux de vie d'espèces menacées. Deux exemples à découvrir.

Inventaires naturalistes : observer, enregistrer, et recenser les amphibiens d’une zone humide à Lailly-en-Val (Loiret).

Pélobateland : Zones humides, biodiversité et gestion durable, un partenariat gagnant-gagnant

Vidéo - Pélobateland : Zones humides, biodiversité et gestion durable, un partenariat gagnant-gagnant

Un partenariat gagnant-gagnant - Lailly-en-Val (Loiret)

mars 2024

© Une image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

PélobateLand - Zones humides, biodiversité et gestion durable

Un partenariat gagnant-gagnant à Lailly-en-Val (Loiret)

Voix Off :
Ce drôle de coassement, c’est le chant du Pélobate Brun, un amphibien, l’un des plus menacés en France, très difficile à observer, même pour un expert.

Kévin Billard - Chargé d’études - Loiret Nature Environnement :
« C’est un amphibien qui est très discret, il ne s’entend seulement qu’à quelques mètres.
Il chante sous l'eau, en surface, on ne l'entend pas. On les écoute pour savoir où ils se reproduisent. Ici, on peut estimer la population, à peu près, à une centaine d'individus adultes. Ce qui fait quasiment la population la plus dense de France pour cette espèce. »

Voix Off :
Au printemps, l’une des missions de Kévin, c’est donc de réaliser des inventaires naturalistes, observer, enregistrer, et recenser les amphibiens de cette zone humide.

David Brunet - Chargé d’interventions spécialisé, Grand cycle de l’eau et milieux aquatiques - Agence de l’eau Loire-Bretagne :
« Salut Kevin, comment ça se passe ? »

Kévin Billard :
« Très bien, il y a un pélobate qui chante en ce moment. Tu veux l’écouter ? »

David Brunet :
« Super, incroyable ! Quelle chance de pouvoir écouter le pélobate en période de reproduction.
On est dans un site exceptionnel, des mares historiques, qui abritent des espèces d'amphibiens extrêmement rares. »

Kévin Billard :
« Si le pélobate se reproduit dans une mare, s'il chante dans une mare, ça veut dire que la mare est fonctionnelle. »

David Brunet :
« Voir que la population pélobate semble se maintenir, voire augmenter, démontre globalement que les travaux qui sont faits sont plutôt efficaces. »

Voix Off :
Ici, en Sologne, à 20 kilomètres au sud d’Orléans, le Conservatoire d’Espaces Naturels du Centre-Val de Loire a acheté cette zone humide de 80 hectares, en 2018.
Avec un objectif : restaurer et gérer 23 mares historiques, pour augmenter les habitats, et suivre l’évolution des populations d’amphibiens.

Stéphane Hippolyte - Écologue, expert agro-environnement - Conservatoire d'Espaces Naturels Centre-Val de Loire :
« On avait des mares qui étaient en train de se fermer et de s'assécher et donc qui ne remplissaient plus leur rôle de zone de reproduction pour l’amphibien. L'objectif était donc de recréer un maximum de mares de différentes tailles, de différentes profondeurs, des niches écologiques pour augmenter les zones de reproduction des amphibiens. »

David Brunet :
« L'objectif, c'est de montrer que sur une biodiversité remarquable, on arrive à concilier la préservation, la renaturation des mares, la préservation de la biodiversité, tout en maintenant également des usages économiques. Et donc là, le CEN s'est associé avec un agriculteur bio.»

Voix Off :
Dans le périmètre de cette zone humide, à proximité de la Loire, Jean-Pierre Piganiol, est éleveur de moutons, et producteur de cultures bio sur 110 hectares.
Il assure une gestion durable du site, économiquement viable et respectueuse de la biodiversité

Jean-Pierre Piganiol - Agriculteur Bio :
« Pour éviter que les nitrates partent dans le sol, on met des plantes qui vont absorber ces nitrates et au lieu de venir broyer et détruire les plantes de manière mécanique, on utilise les moutons. Donc ils mangent directement les plantes et en même temps ils laissent un amendement qui va être super pour la culture suivante.

Ce sont des pois. C'est une plante qui prend l'azote de l'air et qui les restitue au sol. Donc pas besoin d'engrais. On a du colza, des lentilles, on a du chanvre, on a du blé, des cultures qui sont moins gourmandes en eau pour mieux s'adapter au changement climatique. »

Stéphane Hippolyte :
« Le partenariat, il est gagnant-gagnant. On a une personne qui comprend les enjeux. On peut avoir une productivité agricole en bio, viable et pérenne, tout en associant une maximalisation de la biodiversité remarquable sur un site. »

Voix Off :
Ce chantier de renaturation des mares, de préservation des espèces a duré 2 ans, co-financé notamment par le Conservatoire d’Espaces Naturels, et l’Agence de l’eau Loire-Bretagne.

David Brunet :
« Sur ce projet-là, l'Agence de l'eau a financé à 70 % les acquisitions et on finance toutes les autres actions à 50 %. »

Le bilan

Kévin Billard :
« Le constat qu'on fait, c'est que les amphibiens se reproduisent toujours dans la mare. Il y a de plus en plus d'espèces, de plus en plus d'individus et la présence de têtards et la présence de larves, c'est une preuve de reproduction et c'est la preuve ultime que la restauration a fonctionné. »

David Brunet :
« On arrive à s'inscrire dans quelque chose de durable sans mettre le site sous cloche. Donc ça, c'est extrêmement intéressant. Et donc il faut espérer qu'avec le réchauffement climatique, tous les aménagements qui seront faits rendront le site encore plus résilient dans les années à venir pour préserver cette biodiversité remarquable.»

Jean-Pierre Piganiol :
« Il y a plein de moucherons qui nous tournent autour. On est en bio, il y a des animaux, il y a des moucherons, voilà. »

Les perspectives

Stéphane Hippolyte :
« On a un terrain de jeu d'environ 150 hectares autour du site, avec des mares qui sont connectables avec nos travaux, connectables aussi à pattes d'amphibiens. Sur une quinzaine de mares, on va demander aux propriétaires une convention de gestion pour pouvoir ensuite mettre en œuvre les actions mises en place ici. »

David Brunet :
« Ces zones humides ont un enjeu extrêmement important dans le grand cycle de l'eau, un rôle de régulateur. Ça veut dire qu'elles vont stocker l'eau lorsqu'elle est abondante, la restituer sur des périodes où il y a moins d'eau. Elles ont un rôle d'éponge, diminuent la vulnérabilité aux inondations. Donc ça, c'est extrêmement important de multiplier, sur une entrée quantité d'eau, qualité d'eau et bien sûr biodiversité pour pouvoir mieux s'adapter au réchauffement climatique. »

Voix Off :
En France depuis 70 ans, près de 70 % des zones humides ont disparu.

Stéphane Hippolyte :
« Dit donc, David, c’était une très bonne idée de faire ce petit film sur les zones humides à Pélobate. »

David Brunet :
« Tu sais, Stéphane, les zones humides, c'est un enjeu essentiel pour la qualité de l'eau, donc c'est extrêmement important. Il faut mouiller la chemise sur ces sujets-là.»

Stéphane Hippolyte :
« Et d'ailleurs, est-ce que tu ne penses pas qu'on a mouillé la chemise un petit peu trop sur ce coup-là ? »

David Brunet :
« Effectivement. »

Restauration et la gestion de mares en faveur du sonneur à ventre jaune et de la biodiversité à Bully au sud de Roanne (Loire).

Création, restauration, gestion de mares en faveur du sonneur à ventre jaune et de la biodiversité

Vidéo - Création, restauration, gestion de mares en faveur du sonneur à ventre jaune et de la biodiversité

Lauréat des trophées de l'eau Loire-Bretagne 2021 : la fédération départementale des chasseurs de la Loire pour la création, la restauration et la gestion de mares en faveur du sonneur à ventre jaune et de la biodiversité.

octobre 2021

© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Fédération départementale des chasseurs de la Loire pour la Création, restauration et gestion de mares en faveur du sonneur à ventre jaune et de la biodiversité

Voix-off : Ce crapaud sonneur à ventre jaune, une espèce protégée en France, vit dans des eaux peu profondes, au soleil de préférence. Cet amphibien est rare et menacé. Alors, pour le protéger, les chasseurs de la Loire ont décidé de restaurer les mares d’une petite commune, au Sud de Roanne. À Bully, quatre cent vingt habitants, plus de soixante pour cent des terres sont agricoles, élevage et polyculture. Sur ce territoire bocager : 200 mares sont dispersées sur les 2 000 hectares de la commune. Mais faute d’entretien : de nombreux points d’eau se sont bouchés, végétalisés, asséchés.

Sylvain VIGANT, Chargé de mission environnement, Fédération départementale des chasseurs de la Loire : « Il n'y a aucune libellule, aucun insecte. C'est une mare qui est quasiment envahie par la végétation, quasiment comblée. Il y a une forte odeur de vase, de l'eau qui n'est pas saine, propre pour l’abreuvement du bétail. L'exploitant agricole ne peut pas faire boire cette eau-là à ses vaches. » 

Voix-off : Pour Frédéric, éleveur en bio de 70 vaches pour la viande, impossible effectivement de laisser son troupeau s’abreuver dans une mare non restaurée.

Frédéric SIMON, Agriculteur bio – Bully (42) : « L'eau qui est souillée n'est pas bonne. Donc, il y a des risques pour la qualité sanitaire des animaux. Il y a des risques d'avortement sur les animaux. Ce n'est vraiment pas bon. On a connu plusieurs périodes estivales très sèches. On n'avait plus d'eau. On était obligé d'abreuver les animaux en pâture, donc souvent avec de l'eau du réseau. » 

Les chantiers

Voix-off : Pour restaurer mares et fossés, la fédération de chasse de la Loire a donc lancé un vaste chantier dans la commune. Sur le terrain, c’est Sylvain, l’expert en environnement et biodiversité de la fédération, qui a mis autour de la table, 12 exploitants agricoles, les élus et les chasseurs. Ensemble : ils ont localisé les mares bouchées, et rédigé une convention de travaux. Ici, en lisière de forêt, un fossé est creusé pour le fameux crapaud sonneur à ventre jaune : dix mètres de long, une pente douce, un habitat idéal pour cette espèce protégée.

Sylvain VIGANT, Chargé de mission environnement, Fédération départementale des chasseurs de la Loire : « À proximité des boisements où elle vit, ces fossés ne sont volontairement pas très profonds, cinquante à soixante centimètres de hauteur d'eau. Il va y avoir un réchauffement beaucoup plus rapide de l'eau, ce qui joue beaucoup sur la capacité de reproduction de cette espèce. » 

Voix-off : Curage, clôtures, bacs à débordement pour abreuver le bétail : en deux ans, à Bully, cent quarante mares bocagères ont été restaurées.

Sylvain VIGANT, Chargé de mission environnement, Fédération départementale des chasseurs de la Loire : « Le fait d'avoir restauré la mare redonne de l'autonomie en eau à la parcelle pour le bétail et aussi pour l'aspect biodiversité, la faune sauvage. On va retrouver à nouveau un lieu de reproduction de nombreuses espèces : crapauds, grenouilles, libellules et une zone d'alimentation en eau pour de nombreuses espèces de la faune sauvage, chevreuils et autres. » 

Françoise MOREL, Chargée d’intervention, Agence de l’eau Loire-Bretagne : « Ces zones humides sont des endroits précieux à conserver. Ce qui nous a séduits, c'est le caractère assez ambitieux puisqu'il y a de nombreuses mares, c'est d'associer toute la population locale, que tout le monde se sente impliqué dans la restauration et dans le retour de la biodiversité. » 

Voix-off : Les travaux, ont coûté cent mille euros, financés à cinquante pour cent par l'agence de l'eau Loire-Bretagne.

Le bilan

Voix-off : Crapauds, grenouilles, libellules, insectes ont retrouvé des zones de reproduction. Le réseau de mares assure désormais une continuité entre deux réservoirs de biodiversité. Et malgré les pics de chaleur à répétition, l’impact de la sécheresse : la quantité d'eau potable, consommée pour l’alimentation du bétail, a nettement baissé.
Dominique Mayère, Maire de Bully : « Ça permet d'économiser l'eau du réseau. Les bêtes boivent sur les mares et non par l'approvisionnement extérieur. Le patrimoine d'une commune, ce sont les bâtiments communaux et les chemins, mais les mares en font partie. » 

Gérard AUBRET, Président de la fédération des chasseurs de la Loire

« Je suis content qu'une fédération de chasse puisse s'occuper de dossiers environnementaux. À l'heure où on est beaucoup décrié, où la chasse est décriée, il m'a paru important de dire aux citoyens : nous, chasseurs, nous savons nous rendre utiles. Nous sommes les sentinelles de la nature. On est prêt à rendre service aux collectivités qui veulent bien travailler avec nous, citoyens, chasseurs, pêcheurs et à toutes les personnes qui veulent répondre à nos attentes. » 

Les perspectives

Voix-off : L’objectif de la fédération de chasse de la Loire, c’est de poursuivre la restauration de 150 mares dans le département, chaque année. À Bully, en parallèle, des chantiers de plantation de haies ont démarré, en collaboration avec les agriculteurs, les élus, le pépiniériste local, les enseignants, les élèves de l’école primaire et leurs parents.

Françoise MOREL, Chargée d’intervention, Agence de l’eau Loire-Bretagne
« Maintenir les habitats de biodiversité dans ces secteurs du Piémont du Forez, c'est mission accomplie. Une reconnexion de toute la population sur un projet. »

Dominique Mayère, Maire de Bully : « C'est agréable de voir les gens qui se mobilisent. » 

Gérard AUBRET, Président de la fédération des chasseurs de la Loire : « On a tous intérêt, si on veut que nos enfants et petits-enfants continuent de pouvoir chasser à ce  que l'environnement s'y prête et les animaux trouvent des milieux qui soient adéquates. » 

Voix-off : Et ce vaste projet fait école : de nombreuses sociétés de chasse, des élus, et exploitants agricoles de la Loire vont bientôt se lancer dans des chantiers de restauration de mares, sur leurs territoires.

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