Voix-off :
Prairies, marais, tourbières, les zones humides et leur biodiversité exceptionnelle sont des éponges, de véritables filtres, essentiels pour réguler la quantité et la qualité de l’eau. Et pourtant, en France, près de 70 % de ces zones ont été détruites au 20e siècle, et la moitié en seulement 30 ans, entre 1960 et 1990. Alors, pour mieux les préserver, les restaurer, des techniciens, des ingénieurs, des chercheurs ont inventé une boîte à outils pour scruter, décrypter l’évolution de ces zones humides si précieuses.
Partie « Les constats »
Voix-off :
Cette boite, ce sont 7 outils de mesure pour établir un diagnostic.
Exemple : en Loire Atlantique, au cœur du marais de Brière. Le travail de Mathilde, c’est de suivre au quotidien, la qualité des eaux du bassin versant, et notamment des 20 000 hectares de marais. À moins de 10 kilomètres de l’océan, l’indicateur trophique va permettre de faire une batterie d’analyses.
Mathilde GOALABRÉ, Animatrice, Syndicat du bassin versant du Brivet
« On va relever la conductivité, la salinité, la température de l’air et de l’eau, et on va regarder si on a une forte oxygénation, ou non. »
Olivier PHILIPPINE, Ingénieur d’études, Union des Marais de la Charente-Maritime
« On décrit vraiment les premiers maillons de la chaîne alimentaire. On va travailler sur de toutes petites algues, et les consommateurs de ces algues. Notre indicateur trophique est un outil qui permet de comprendre comment améliorer éventuellement la situation de notre masse d’eau.»
François-Xavier ROBIN, Responsable Eau-Environnement, Union des Marais de la Charente-Maritime
«C’est un des nombreux paramètres qui permet de caractériser le fonctionnement de ces zones humides, et donc mieux les connaître, mieux les protéger, mieux les gérer.»
Mathilde GOALABRÉ, Animatrice, Syndicat du bassin versant du Brivet
« Par exemple, le niveau des eaux, et les envois qu’on fait depuis l’estuaire : c’est vraiment de pouvoir mesurer l’impact de ces envois d’eau salée sur un milieu doux. Ce sont des éléments très importants pour nos élus, pour prendre des décisions adéquates.»
Voix-off :
L’indicateur trophique, est l’un des 7 outils de mesure de Ligér’O, cette boîte à outils, imaginée en 2008. Elle a été déployée, puis testée par les experts du Forum des Marais Atlantiques, et du Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire en 2014, à la demande et avec le soutien financier de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.
Audrey DURIEZ, Chargée de mission « indicateurs de suivis zones humides », Forum des Marais Atlantiques
« Il y avait une réelle demande des opérateurs de terrain, et de l’Agence de l’eau, pour avoir à disposition cet outil d’évaluation des zones humides. Et dans ce contexte de changement climatique, il est important de disposer d’outils qui rendent compte de cet état.»
Laurent VIENNE, Chargé de mission, Agence de l’eau Loire-Bretagne
« L’agence de l’eau, sur son bassin Loire-Bretagne, a environ 700 000 hectares de zones humides. La préservation de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques est une des priorités affichée dans ce programme d’intervention.»
Partie « La boîte à outils Ligér’O : mode d’emploi »
Voix-off :
Avec Ligér’O, les scientifiques, les techniciens disposent d’outils adaptables, à tous les terrains.
Au Sud de Tours, cette zone humide de 21 hectares, le long de l’Indre, a fait l'objet de travaux de restauration. Depuis la fin du chantier en 2020, des outils de la boîte sont utilisés pour tester l’efficacité des travaux.
Brigitte RUAUX, Chargée de mission zones humides, Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire
« Là, le tube en PVC descend dans le sol. Il nous permet de suivre le niveau de la nappe. Le but de ce suivi piézométrique, c’est de voir si la zone humide reste fonctionnelle, ou pas. Pour les fleurs, on a mis en place des carrés, des quadras. Sur ces carrés, on relève l’ensemble de la végétation avec le recouvrement. Le protocole libellule, on marche sur vingt-cinq mètres, mais très lentement, en relevant l’ensemble des espèces de libellules et d’odonates qu’on observe. Donc là, on commence à voir un éclaircissement, ça devient gris. La terre est partie, ça veut dire qu’on est dans une zone humide en tout cas, ça c’est sûr… »
Voix-off :
Pour suivre l’état de la flore, la présence de libellules et de crapauds, la profondeur des traces d’eau dans le sol : les protocoles sont donc bordés, normalisés.
Partie « La boîte à outils Ligér’O : la formation »
Voix-off :
L’objectif, c’est évidemment le déploiement des outils, le partage de données et d’informations sur tout le bassin Loire-Bretagne. Dans le Puy-de-Dôme, ce jour-là, la formation commence par la théorie, la découverte des protocoles standardisés et des fiches d'aide à l'analyse. Autour de la table : 10 représentants de syndicats d’eau, de parcs naturels et d’associations. Pour tester les outils grandeur nature, direction le lac tourbière de Bourdouze, à deux pas du Puy de Sancy : une zone humide de 25 hectares, 1150 mètres d’altitude et des fonds de 4 mètres.
Aurélien MATHEVON, Technicien Rivières, Syndicat mixte des vallées de la Veyre et de l'Auzon
« J’avais besoin de connaître le protocole mis en place sur le terrain, pour définir les cahiers des charges et pour missionner des bureaux d’études.»
Brigitte RUAUX, Chargée de mission Zones humides, Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire
« Donc, ils viennent à ces journées pour voir, combien ça coûte, et comment il faut faire. L’accompagnement à la carte : les gens qui en ont vraiment besoin, on va sur leur terrain, la zone humide qui leur pose problème, pour dire : tel protocole est plus intéressant dans le cadre de votre question.»
Voix-off :
C’est le conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne qui gère ce site test du programme Ligér’O, depuis 2016. Relevés de végétation, suivi de la nappe d’eau, comptage des amphibiens, des libellules : tous les indicateurs ont été testés pour évaluer la restauration de cette zone humide.
Lucie LE CORGUILLÉ, Chargée de projets Département du Puy-de-Dôme, Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne
« Les indicateurs ne sont pas forcément un objectif de préservation, par contre ça nous donne des outils pour évaluer la gestion et la restauration qu’on mène sur des sites. Ça fait partie de nos outils de travail et notre travail, c’est de préserver les zones humides, donc c’est important. »
Partie « Perspectives »
Voix-off :
Les résultats et l’analyse des données ont donc un intérêt majeur : fournir des éléments aux gestionnaires de territoire, pour fixer des orientations, définir des stratégies.
Serge GRESSETTE, Responsable scientifique et technique, Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire
« La première ambition, c’est de déployer Ligér’O au maximum, sur le territoire de l’agence de l’eau Loire-Bretagne. C’est aussi de travailler avec d’autres bassins pour que ces protocoles soient diffusés largement à travers la France, qu’ils soient utilisés et permettent de rapporter l’état de nos zones humides au niveau national, mais aussi remonter ces éléments au niveau européen et mondial.»